Des événements significatifs portant sur plusieurs réacteurs ont à nouveau été déclarés en 2024 à la suite de la détec‑ tion d’écarts de conformité ; certains écarts remontent à l’origine de la construction des réacteurs, d’autres ont été générés lors de la mise en œuvre de modifica‑ tions ou d’opérations de maintenance des installations. L’ASNR continuera à être particulièrement attentive à la conformité des installations en 2025, et poursuivra en conséquence les inspections sur l’état des matériels et des systèmes. 2.6 La prévention et la maîtrise des impacts environnementaux et sanitaires et des risques non radiologiques 2.6.1 Les prélèvements d’eau, les rejets, la gestion des déchets et les impacts sanitaires La limitation des prélèvements et des rejets dans l’environnement Les centrales nucléaires sont à l’origine de prélèvements d’eau et de rejets d’effluents liquides et gazeux dans le milieu naturel. Les prélèvements d’eau sont réalisés prin‑ cipalement pour le refroidissement des circuits associés au réacteur et dans une moindre mesure pour des usages indus‑ triels tels que la production d’eau démi‑ néralisée ou l’alimentation des circuits de lutte contre l’incendie. Les effluents, qui peuvent être radioactifs ou chimiques, ont pour origine le conditionnement chimique des circuits, qui contribue à leur préser‑ vation, la production d’eau déminéralisée, les traitements biocides et les effluents de la station d’épuration des eaux usées. Pour chaque site, l’ASN fixe les valeurs limites de prélèvement d’eau et de rejet d’effluents, en tenant compte des meil‑ leures techniques disponibles dans des conditions techniquement et économique‑ ment acceptables et en prenant en considé‑ ration les caractéristiques de l’installation, son implantation et les conditions locales de la ressource en eau. Elle vérifie que ces limites ont des impacts environnemental et sanitaire acceptables. L’ASN fixe également les règles relatives à la maîtrise des nuisances et de l’impact sur la santé et l’environnement des réac‑ teurs. Ces règles concernent notamment la gestion et la surveillance des prélève‑ ments d’eau et des rejets d’effluents, la surveillance de l’environnement et l’in‑ formation du public et des autorités (voir chapitre 3, point 4.1). En 2024, l’ASN a mis à jour les décisions encadrant les modalités de prélèvement et de consommation d’eau ainsi que les modalités et limites de rejet dans l’envi‑ ronnement de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire. Cette mise à jour porte principalement sur la mise en œuvre d’un traitement biocide et d’un traitement antitartre de l’eau refroidie par les tours aéroréfrigérantes du site. Enfin, l’exploitant de chaque centrale nucléaire transmet chaque année à l’ASN un rapport annuel dédié à l’environnement, qui contient notamment un bilan des pré‑ lèvements et des rejets dans l’environne‑ ment, de leurs impacts éventuels et des événements marquants survenus. L’impact des rejets thermiques des centrales nucléaires Les centrales nucléaires sont à l’origine de rejets d’effluents liquides chauds dans les cours d’eau ou dans la mer, soit de manière directe pour les centrales nucléaires fonc‑ tionnant en circuit dit « ouvert », soit après refroidissement de ces effluents par cir‑ culation dans des tours aéroréfrigérantes permettant une évacuation partielle de la chaleur dans l’atmosphère. Ces rejets thermiques conduisent à une élévation de la température du milieu naturel entre l’amont et l’aval du rejet qui peut aller, sui‑ vant les réacteurs, de quelques dixièmes de degrés à plusieurs degrés. Ces rejets thermiques sont réglementés par des déci‑ sions de l’ASN propres à chaque centrale nucléaire. Depuis 2006, des dispositions sont inté‑ grées aux décisions de l’ASN pour définir à l’avance les modalités de fonctionne‑ ment des centrales nucléaires dans des conditions climatiques exceptionnelles conduisant à un échauffement significa‑ tif des cours d’eau à l’amont des centrales nucléaires. Ces dispositions particulières ne sont néanmoins applicables que si la sécurité du réseau électrique est en jeu (voir encadré page ci-dessus). La gestion des déchets Conformément aux dispositions du code de l’environnement, EDF procède à un tri à la source des déchets, en distinguant notamment les déchets issus de zones nucléaires des autres déchets. EDF réa‑ lise pour chaque installation une synthèse de la gestion de ces déchets, présentant en particulier le descriptif des opérations à l’origine de la production des déchets, les caractéristiques des déchets produits ou à produire, une estimation des flux de pro‑ duction et un plan de zonage des déchets. Par ailleurs, chaque site transmet annuel‑ lement à l’ASN le bilan de sa production de déchets et des filières d’élimination associées, une comparaison avec les résul‑ tats des années précédentes, un bilan de l’organisation du site et des différences constatées par rapport aux modalités de gestion prévues dans l’étude sur la gestion des déchets et la liste des faits marquants survenus et des perspectives. La prévention des impacts sanitaires induits par le développement des légionelles et des amibes dans certains circuits de refroidissement des circuits secondaires des centrales nucléaires Les circuits secondaires de refroidissement des réacteurs nucléaires équipés d’une tour aéroréfrigérante constituent des milieux favorables au développement des légio‑ nelles et des amibes. EDF assure la surveil‑ lance des concentrations en légionelles et Les rejets thermiques des centrales nucléaires pendant les périodes de canicule ou de sécheresse Pour contribuer au refroidissement de ses réacteurs, une centrale nucléaire prélève de l’eau dans un cours d’eau ou dans la mer. L’eau qui est restituée au cours d’eau est à une température plus élevée, ce qui induit un échauffement du cours d’eau à l’aval de la centrale. Il est de quelques degrés pour les centrales sans tour aéroréfrigérante et de quelques dixièmes de degrés pour les centrales équipées de tours aéroréfrigérantes. Ces rejets d’eau chaude, dits rejets thermiques, sont susceptibles d’avoir une incidence sur l’environnement aquatique. Ils sont donc encadrés par des décisions de l’ASN propres à chaque centrale nucléaire. Celles‑ci fixent des limites d’échauffement du cours d’eau entre l’amont et l’aval de la centrale et de température maximale à l’aval de celle‑ci. Lorsque ces limites sont susceptibles de ne pas être respectées, l’exploitant abaisse la puissance des réacteurs et peut aller jusqu’à les mettre à l’arrêt complet. Ces baisses de puissance se produisent notamment lors des périodes de canicule ou de sécheresse. L’ASN a défini un second niveau de limite, plus élevé, applicable lorsque le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) exprime le besoin de maintenir une puissance minimale pour assurer la sécurité du système électrique. Il s’applique sans intervention de l’ASN, qui en est informée, ainsi que les autres administrations concernées et la commission locale d’information (CLI). Il est associé à un programme de surveillance renforcée de l’environnement. En cas de situation exceptionnelle et de nécessité publique, l’ASN peut également modifier temporairement les limites qu’elle a définies. Cela a été le cas au cours de l’été 2022. Face à la hausse continue des effets du changement climatique, l’ASNR considère nécessaire de développer une vision à moyen et long terme sur la prise en compte des rejets thermiques en période de canicule au regard de leurs enjeux à l’échelle de chaque territoire et des effets cumulés potentiels liés à la présence de plusieurs centrales nucléaires sur un même bassin versant. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 321 01 03 04 07 09 11 12 13 14 15 AN Les centrales nucléaires d’EDF 05 06 02 08 10
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