RAPPORT DE L’ASN 2024

Les risques liés aux explosions L’ASN contrôle les mesures de préven‑ tion et de surveillance du risque d’ex‑ plosion mises en œuvre par EDF. L’ASN s’assure également, en lien avec ses mis‑ sions d’inspection du travail, du respect de la réglementation relative aux « atmos‑ phères explosives» (ATEX) pour la protec‑ tion des travailleurs. L’ASN considère que, pour l’ensemble des centrales nucléaires, le niveau de maîtrise des risques liés aux explosions n’est pas encore à l’attendu. L’application de la doctrine de maintenance et de contrôle ainsi que, sur certains sites, le respect des mesures de prévention ne sont pas satisfai‑ sants, notamment en ce qui concerne les risques liés à la présence d’hydrogène sur les installations. L’ASN note toutefois les efforts entrepris par EDF pour réduire les écarts constatés. L’ASN considère qu’EDF doit continuer à porter une attention toute particulière sur ce sujet, afin qu’il soit traité avec la rigueur nécessaire sur l’ensemble des sites. Les risques liés aux inondations internes En 2019, l’ASN a demandé à EDF de com‑ pléter sa démarche de maîtrise du risque d’inondation interne, notamment pour s’assurer du bon fonctionnement des siphons de sol, renforcer la maintenance des tuyauteries susceptibles de conduire à une inondation interne et assurer une meilleure maîtrise de leur vieillissement. En réponse à ces demandes, EDF a mis en place des actions d’amélioration. Par ailleurs, EDF poursuit ses visites sur le terrain visant à recenser les tuyaute‑ ries pouvant être à l’origine d’une inonda‑ tion interne dans les bâtiments électriques, qui sont particulièrement sensibles à ce risque, afin d’évaluer la nécessité de ren‑ forcer leur maintenance. Conformément aux demandes de l’ASN, EDF étendra ces recensements aux autres bâtiments. L’ASN constate de façon positive qu’EDF a engagé une rénovation des circuits de certains sys‑ tèmes de réfrigération particulièrement sensibles à la corrosion. Les risques liés aux séismes Les programmes d’inspection mis en œuvre par EDF conduisent à déclarer régu‑ lièrement des ESS pour défaut de résis‑ tance au séisme de certains matériels. Ces événements résultent d’actions de contrôle ciblées, progressivement déployées par EDF. Ces non‑conformités peuvent avoir, en cas de séisme, des conséquences impor‑ tantes, qui sont alors systématiquement analysées. Le 11 novembre 2019, un séisme s’est produit au niveau de la commune du Teil. Il a conduit EDF à mettre à l’arrêt les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas‑Meysse afin de procéder à des vérifications, qui n’ont pas révélé d’anomalie. L’ASN a demandé à EDF dès novembre 2019 de déterminer si ce séisme devait conduire à revoir les niveaux de séisme à retenir pour la protection des sites des centrales nucléaires du Tricastin et de Cruas‑Meysse. Après des investi‑ gations de terrain, EDF a défini un nou‑ veau niveau d’aléa qui est utilisé dans les études de réévaluation sismique associées au quatrième réexamen périodique du site de Cruas-Meysse. Par ailleurs, l’ASN a demandé à EDF de poursuivre ses investigations afin d’obtenir une meilleure caractérisation des failles existantes autour des centrales nucléaires du Tricastin et de Cruas‑Meysse. EDF a entrepris un important programme d’in‑ vestigations de terrain qui s’est poursuivi en 2024 et dont les conclusions ont voca‑ tion à être prises en compte lors du cin‑ quième réexamen périodique des réacteurs des sites concernés. Les risques liés aux températures extrêmes Les inspections portant sur les risques associés aux températures extrêmes mettent en évidence que l’organisation d’EDF doit être améliorée sur une majorité de sites. En particulier, l’ASN constate sur plusieurs sites un manque d’anticipation de la préparation de la mise en configura‑ tion estivale et hivernale de l’installation ou une déclinaison opérationnelle parfois perfectible des préconisations des règles particulières de conduite. À la demande de l’ASN, EDF a mené lors des derniers étés des essais de fonctionne‑ ment des groupes électrogènes de secours à moteur diesel en période de température élevée. Ces essais, qui se sont poursuivis en 2024, permettent de conforter la démons‑ tration de la qualification de ces matériels en situation de canicule. 2.5 La conformité et la maintenance des installations 2.5.1 La maintenance des installations et la maîtrise des activités sous‑traitées La maintenance des installations La maintenance préventive constitue une ligne de défense essentielle pour assurer la conformité d’une installation à son réfé‑ rentiel de sûreté. Afin d’améliorer la fiabilité des équipe‑ ments importants pour la sûreté, mais aussi la performance industrielle, EDF optimise ses activités de maintenance en s’inspi‑ rant des pratiques de l’industrie conven‑ tionnelle et des exploitants de centrales nucléaires à l’étranger. EDF a décidé en 2008 de déployer la méthodologie de main‑ tenance dénommée «AP913», développée par les exploitants nucléaires américains et reposant sur deux axes principaux : l’évo‑ lution des organisations pour développer le suivi de la fiabilité des matériels et des systèmes et la mise en œuvre d’un nou‑ veau type de programmes de maintenance préventive. Les arrêts de réacteur Les réacteurs électronucléaires doivent être arrêtés périodiquement pour renouveler leur combustible, qui s’épuise pendant le cycle de production d’électricité. Un tiers ou un quart du combustible est ainsi renouvelé à chaque arrêt. Ces arrêts rendent momentanément accessibles certaines parties de l’installation qui ne le sont pas en phase de production. Ils sont donc mis à profit par EDF pour réaliser des opérations de contrôle, d’essais et de maintenance, ainsi que pour réaliser des travaux sur l’installation. Ces arrêts peuvent être de plusieurs types : • arrêt pour simple rechargement et arrêt pour visite partielle : d’une durée de quelques semaines à quelques mois, ces arrêts sont consacrés au renouvellement d’une partie du combustible et à la réalisation d’un programme de vérification et de maintenance, plus important lors d’une visite partielle que lors d’un arrêt pour simple rechargement; • arrêt pour visite décennale : il s’agit d’un arrêt faisant l’objet d’un programme de vérification et de maintenance approfondi. Ce type d’arrêt, qui dure plusieurs mois et intervient tous les dix ans, permet à l’exploitant de procéder à des opérations lourdes telles que la visite complète et l’épreuve hydraulique du circuit primaire, l’épreuve de l’enceinte de confinement ou l’intégration des évolutions de conception résultant des réexamens périodiques. Ces arrêts sont planifiés et préparés par l’exploitant plusieurs mois à l’avance. L’ASN contrôle les dispositions prises par l’exploitant pour assurer la sûreté de l’installation, la protection de l’environnement et la radioprotection des travailleurs pendant l’arrêt, ainsi que la sûreté du réacteur pour le cycle de production à venir. Le contrôle réalisé par l’ASN, au regard des dispositions de la décision n° 2014-DC0444 du 15 juillet 2014 relative aux arrêts et aux redémarrages des REP, s’effectue par sondage. Il porte principalement sur les activités présentant le plus d’enjeux pour la sûreté, ainsi que sur le traitement des éventuels aléas. Il se compose d’inspections sur site et de contrôles documentaires, tout au long de l’arrêt et particulièrement avant le redémarrage du réacteur. C’est à l’issue de ce contrôle que l’ASN donne ou non son accord au redémarrage du réacteur. 318 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les centrales nucléaires d’EDF

RkJQdWJsaXNoZXIy NjQ0NzU=