RAPPORT DE L’ASN 2024

Les risques liés aux séismes Bien que la sismicité soit modérée en France, la prise en compte de ce risque par EDF dans la démonstration de sûreté de ses réacteurs électronucléaires fait l’ob‑ jet d’une attention soutenue de la part de l’ASN compte tenu des conséquences potentielles sur la sûreté des installations. Des dispositions parasismiques sont prises dès la conception des installations et sont réexaminées périodiquement au regard de l’évolution des connaissances, à l’occasion des réexamens périodiques. La règle fondamentale de sûreté (RFS) n° 2001‑01 du 31 mai 2001 définit la méthodologie pour déterminer le risque sismique pour les INB de surface. Cette RFS est complétée par le Guide 2/01 de mai 2006 de l’ASN, qui définit les méthodes de calcul acceptables pour l’étude du comportement sismique des bâtiments nucléaires et d’ouvrages par‑ ticuliers comme les digues, les galeries et les canalisations enterrées, les soutè‑ nements ou les réservoirs. La conception des bâtiments et matériels importants pour la sûreté des centrales nucléaires doit ainsi leur permettre de résister à des séismes d’intensité supé‑ rieure aux plus forts séismes connus surve‑ nus dans la région. Les centrales nucléaires d’EDF doivent donc pouvoir faire face à des niveaux de séisme intégrant les spécificités géologiques locales. Dans le cadre des réexamens périodiques, la réévaluation sismique consiste à véri‑ fier le caractère suffisant du dimensionne‑ ment sismique de l’installation en tenant compte du progrès des connaissances en matière de sismicité de la région du site ou de méthodes d’évaluation du compor‑ tement sismique des structures et équipe‑ ments. Les enseignements tirés du retour d’expérience international sont également analysés et intégrés dans ce cadre. Les réé‑ valuations sismiques conduisent réguliè‑ rement EDF à renforcer la résistance de ses installations. Les risques liés aux canicules et aux sécheresses Au cours des événements caniculaires de 2003 et 2006, certains cours d’eau néces‑ saires au refroidissement de centrales nucléaires ont connu une réduction de leur débit et un échauffement significatif. Par ailleurs, des augmentations notables de température ont été relevées dans certains locaux des centrales nucléaires abritant des équipements sensibles à la chaleur. EDF a pris en compte ce retour d’expérience et a réévalué le fonctionnement de ses installations dans des conditions de températures de l’air et de l’eau plus sévères que celles retenues initialement à la conception. En parallèle du déve‑ loppement de ce référentiel de sûreté portant sur les situations dites de « grands chauds », EDF a modifié ses installations (par exemple pour augmenter la capacité de certains échangeurs) et mis en place des pratiques d’exploitation qui optimisent la capacité de refroidissement des équipe‑ ments et améliorent la tenue des maté‑ riels sensibles aux températures élevées. Dans le cadre des réexamens périodiques des réacteurs, EDF prend en compte le changement climatique et continue à amé‑ liorer la capacité de ses installations à se prémunir des effets d’une situation de canicule. Il est notamment prévu d’amé‑ liorer la capacité de certains systèmes de refroidissement de matériels requis pour la démonstration de sûreté nucléaire. EDF a également engagé un programme de veille climatique afin d’anticiper les évolutions du climat qui pourraient remettre en cause les hypothèses de températures retenues dans son référentiel. Comme pour les autres agressions, l’ASN demande à EDF de tirer le retour d’expé‑ rience des différents événements cani‑ culaires, ainsi que leurs effets sur les installations. La prise en compte des agressions naturelles d’intensité extrême À la suite de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima (Japon) survenu le 11 mars 2011, les évaluations complémentaires de sûreté ont conduit l’ASN à prescrire la mise en place d’un « noyau dur » de dispositions matérielles et orga‑ nisationnelles pour faire face aux situa‑ tions découlant d’agressions naturelles externes d’intensité extrême, dont la sévé‑ rité dépasse celle considérée jusqu’alors dans le référentiel de sûreté de chaque ins‑ tallation. Les agressions naturelles externes retenues pour la conception du « noyau dur » sont les suivantes : le séisme, l’inon‑ dation (dont les pluies de forte intensité) et les phénomènes associés (vents extrêmes, foudre, grêle), ainsi que la tornade. 2.4.6 L’évaluation de la maîtrise des risques liés aux agressions L’ASN contrôle la prise en compte des risques liés aux agressions dans les cen‑ trales nucléaires en se fondant notamment sur la réévaluation de la conception des installations dans le cadre des réexamens périodiques, l’analyse des référentiels de sûreté de l’exploitant, l’examen des évé‑ nements significatifs et les inspections réalisées sur les sites. L’accident de la centrale nucléaire de Fukushima a conduit EDF à renforcer son organisation pour la maîtrise des risques liés aux agressions. En particulier, des réseaux de référents ont été constitués sur l’ensemble des centrales nucléaires afin de piloter la mise en œuvre des actions définies pour faire face à ces risques. Des revues annuelles sont également menées afin d’améliorer cette organisation. De manière générale, l’ASN considère que des efforts sont encore nécessaires sur les sites pour améliorer la maîtrise des risques liés aux agressions, en particulier en ce qui concerne : ∙la maintenance des équipements (batar‑ deaux, portes coupe‑feu, capteurs, siphons de sol, etc.) ; ∙les analyses de risque lors des opérations de maintenance et en cas de détection d’un dysfonctionnement d’un équipement ; ∙la formation des référents et la sensi‑ bilisation du personnel d’EDF et de ses prestataires. Les risques liés aux incendies L’ASN ne constate pas d’évolution notable concernant la maîtrise des risques liés aux incendies au sein des centrales nucléaires. Le niveau de performance global reste en deçà des attentes. Si des progrès sont notés sur certains sites, d’autres voient leurs performances se détériorer. Le nombre de départs de feu en 2024 est très légère‑ ment supérieur à celui de 2023. Trois de ces départs de feu survenus ont conduit au déclenchement du PUI sur le site concerné, dont deux pour des incendies de transformateur, qui ont constitué les feux les plus marquants de l’année. L’ASN a constaté certaines améliorations dans le pilotage de la gestion du risque incendie dans les centrales nucléaires, notamment dans la gestion de la détec‑ tion et dans la formation des personnels. Toutefois, l’ASN considère nécessaire qu’EDF améliore sur l’ensemble des cen‑ trales nucléaires la gestion des entreposages temporaires de matières combustibles lors des chantiers et des opérations de mainte‑ nance. L’ASN a également noté la nécessité d’améliorer sur certains sites le contrôle des éléments de sectorisation et du traitement des anomalies les concernant. L’ASN a constaté qu’EDF poursuit ses actions visant à améliorer la maîtrise des risques liés à l’incendie dans les locaux identifiés comme étant particulièrement sensibles à cette agression au regard des conséquences potentielles pour la sûreté. Enfin, EDF travaille au déploiement d’une nouvelle organisation de lutte contre l’in‑ cendie sur ses sites afin de pouvoir atta‑ quer plus efficacement les feux et éviter leur propagation. Des évolutions sont ainsi prévues en matière d’équipements de pro‑ tection individuelle des personnels, de for‑ mation et d’organisation avec les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). L’objectif d’EDF est d’achever le déploiement de ces évolutions en 2025. Cela se traduira sur plusieurs sites par une amélioration des capacités d’intervention en lien avec les SDIS. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 317 01 03 04 07 09 11 12 13 14 15 AN Les centrales nucléaires d’EDF 05 06 02 08 10

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