entre les documents ou encore des défauts de programmation des essais périodiques. Dans le cadre du retour d’expérience de ces événements, EDF adapte ses organi‑ sations pour assurer un meilleur partage d’information entre les différents acteurs responsables de la définition des essais, de leur programmation et de leur réali‑ sation. À ce titre, EDF a lancé un plan d’action depuis octobre 2023, avec pour objectif de mettre en place un soutien plus structuré et adapté aux sites sur cette thé‑ matique, afin d’améliorer la réalisation des essais périodiques. En 2024, l’ASN a engagé un programme d’inspections spécifique sur l’organisa‑ tion des sites pour la gestion des essais périodiques. Une grande partie des cen‑ trales nucléaires a été inspectée lors de ces contrôles, qui se poursuivront en 2025. L’ASNR dressera un bilan à l’issue de cette campagne. La gestion des compétences En 2022 et 2023, l’ASN a mené une cam‑ pagne d’inspections sur la gestion des compétences des équipes chargées de la conduite des installations. Cette campagne avait conduit EDF à déployer des plans d’action au niveau national et local visant à renforcer les compétences des équipes de conduite et à redynamiser le manage‑ ment des compétences dans sa globalité. EDF a ainsi mis en place des dispositions permettant le renforcement des équipes de formation, la relance des comités de formation, l’accompagnement à la clari‑ fication et à l’ancrage des processus de formation et l’augmentation du nombre d’équipements de formation. En 2024, les difficultés liées à la gestion des compétences, déjà relevées en 2023, perdurent et concernent aussi bien les personnels internes d’EDF que les inter‑ venants extérieurs. L’installation dans le temps de difficultés en matière de ges‑ tion des compétences, malgré de nom‑ breux plans d’action, remet en question l’efficience des dispositions mises en œuvre par l’exploitant pour accompagner la montée et le maintien en compétence des équipes. L’ASN a notamment relevé des difficultés dans l’identification des besoins de formation. La mise en place de forma‑ tions dites par « frottement » (processus d’apprentissage non formalisé fondé sur le contact avec les pairs) sans définition des objectifs pédagogiques complique l’éta‑ blissement de la vision réelle du niveau de compétences des équipes. De plus, les formations par e‑learning y compris pour des domaines techniques, limitent la mise en pratique sur le terrain. Des faiblesses ont aussi été constatées dans l’organisa‑ tion des sessions de recyclage, du fait de l’indisponibilité des moyens de formation ou des formateurs, et de l’utilisation de questionnaires sans mise en pratique. La gestion des compétences liées aux activités sous‑traitées présente également des diffi‑ cultés concernant l’identification des com‑ pétences nécessaires et leur pérennisation. La filière indépendante de sûreté L’ASN examine lors de ses inspections les actions menées par la FIS (voir encadré ci‑contre) et vérifie la bonne prise en compte de ses avis par les services opé‑ rationnels. Les inspecteurs ont relevé la compétence, le bon fonctionnement et l’indépendance de la FIS. Certains sites rencontrent quant à eux toujours des pro‑ blèmes de ressources, le nombre d’ingé‑ nieurs sûreté étant parfois, pendant de longues périodes, inférieur à la cible. EDF a pris des mesures en 2023 pour renfor‑ cer ses effectifs d’ingénieurs sûreté, afin que ceux‑ci puissent effectuer sereine‑ ment leur vérification indépendante de la sûreté des réacteurs. Ces dispositions permettent d’améliorer la situation pro‑ gressivement, EDF s’étant fixé une cible à l’horizon 2027. La filière indépendante de sûreté Au sein d’EDF, la filière indépendante de sûreté (FIS) assure la vérification, en matière de sûreté, des actions et décisions prises par les services chargés de l’exploitation des installations. Au sein de chaque centrale nucléaire, la FIS est notamment composée d’ingénieurs sûreté, qui assurent quotidiennement une vérification du niveau de sûreté des réacteurs. Le fonctionnement de chaque FIS est contrôlé et évalué, au niveau national, par la FIS de la division de la production nucléaire d’EDF. Enfin, les services d’inspection interne d’EDF, notamment l’inspecteur général de la sûreté nucléaire, rattaché au président du groupe EDF et assisté d’une équipe d’inspecteurs, constituent le plus haut niveau de vérification indépendante de la sûreté nucléaire au sein du groupe EDF. Complexité du référentiel d’exploitation des réacteurs La complexité du référentiel d’exploitation, et notamment des RGE, est régulièrement mise en avant. Elle peut être à l’origine d’une perte de sens dans le travail des opérateurs et avoir des effets sur la maîtrise des risques. Depuis le début du fonctionnement des réacteurs, elle a augmenté significativement. Pour répondre à ces constats, EDF a initié des actions de simplification à court et moyen terme, ainsi qu’un projet de long terme de refonte globale de ses RGE. EDF a pour objectifs d’une part de simplifier le référentiel d’exploitation pour en faciliter la lisibilité et l’utilisation par l’exploitant ; d’autre part de garantir l’exploitabilité des installations, selon une approche proportionnée aux enjeux pour la sûreté. Des échanges entre l’ASN, l’IRSN et EDF ont eu lieu sur le sujet en 2024. De son côté, l’ASN a réuni en 2024 la profession au cours d’un cycle de réflexion du Comité d’orientation sur les facteurs sociaux, organisationnels et humains (Cofsoh), ainsi que sur la complexité des activités en lien avec l’exploitation des installations nucléaires. Une synthèse de ces travaux sera publiée en 2025. L’ASN finance également actuellement une thèse sur les paramètres et les dynamiques de la complexité dans la gouvernance de la sûreté des réacteurs en France. La soutenance de cette thèse et la communication de ses conclusions sont attendues pour fin 2025. Campagne d’inspections portant sur la gestion d’un accident avec fusion du cœur L’ASN a mené, entre 2023 et 2024, une campagne d’inspections visant à contrôler la préparation des opérateurs à la gestion d’un accident avec fusion du cœur et à vérifier l’opérabilité des actions de conduite requises. Si l’ASN a constaté que l’état des matériels requis lors d’un accident avec fusion du cœur était généralement satisfaisant, les inspections ont aussi mis en évidence que le référentiel documentaire établi par les services centraux d’EDF n’était pas toujours bien déployé au sein des centrales nucléaires. En outre, les mises en situation réalisées au cours des inspections ont montré que les agents de terrain étaient mal préparés aux situations d’accident avec fusion du cœur. Par ailleurs la documentation opérationnelle, permettant la mise en œuvre des actions requises, était parfois inadaptée (informations manquantes ou erronées, outillages indisponibles, etc.). Ces écarts s’expliquent notamment par le fait que les sites ne testent pas systématiquement la documentation opérationnelle avant de la valider. En réponse aux constats réalisés, EDF a défini un plan d’action dont l’ASNR suivra la mise en œuvre. 314 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les centrales nucléaires d’EDF
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