Les produits moulés La justification du maintien en service des produits moulés du CPP au‑delà de la qua‑ trième visite décennale des réacteurs de 900 MWe a fait l’objet d’une instruction par l’ASN. Pour ce qui concerne les coudes moulés du CPP, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a expertisé, à la demande de l’ASN, les justifications apportées par EDF pour les coudes les plus sensibles (coudes C, qui sont directement connectés à la cuve, certains coudes E dif‑ ficilement remplaçables, car situés dans le puits de cuve). L’ASN a réuni le Groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GPESPN) à trois reprises sur ce sujet (2016, 2019 et 2023). Les principes méthodologiques retenus par EDF dans ses analyses mécaniques de justification du maintien en service de ces composants ont ainsi été validés par l’ASN. Cette instruction a conclu que la totalité des coudes (A, B, C, D et E) des réacteurs de 900 MWe peut être main‑ tenue en service au moins jusqu’à la cin‑ quième visite décennale. Actuellement, l’ASN focalise son instruction sur cer‑ tains coudes E des réacteurs de la centrale nucléaire de Paluel, dont la justification de la poursuite d’exploitation au‑delà des visites décennales à venir doit faire l’objet de la remise d’un dossier de la part d’EDF. Pour justifier le maintien en service des coudes moulés au‑delà de la cinquième visite décennale, EDF poursuit ses études de justification selon plusieurs axes. EDF proposera en particulier à l’ASN le recours à des méthodes de calcul plus avancées pour tenir compte de la nature des défauts présents dans les coudes. De plus, EDF développe un nouveau moyen d’exa‑ men non destructif de la paroi interne des coudes E, ainsi qu’une technique de réparation de défaut en paroi interne, qui pourraient être mobilisées si EDF n’était pas en mesure d’apporter la justification de leur maintien en service. L’ASN consi‑ dère ces travaux comme nécessaires, car devant permettre à EDF de définir une stratégie de traitement suffisamment en amont des visites décennales. Par ailleurs, certains piquages moulés des branches primaires (piquages du système RIS situés en branche froide) sont, pour les mêmes raisons, également sensibles aux phénomènes de vieillissement ther‑ mique et ont fait l’objet d’analyses sur leur capacité à être maintenus en service. La méthodologie a été expertisée par l’IRSN (pour les réacteurs de 900 et de 1300 MWe). La faible ténacité de certains piquages des réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire de Paluel, liée à leur vieillissement, a conduit EDF à proposer leur remplacement, à une échéance qui est en cours d’examen par l’ASN. Les générateurs de vapeur Les GV sont restés un point de vigilance pour l’ASN en 2024. Des niveaux d’encras‑ sement et de colmatage importants dans certains GV, susceptibles d’altérer la sûreté de leur fonctionnement, amènent la pro‑ grammation de nettoyages préventifs. La maintenance en vue de garantir un état de propreté satisfaisant a été insuf‑ fisante par le passé et constitue doréna‑ vant un point de vigilance pour l’ASN. La stratégie de maintenance relative au col‑ matage et à l’encrassement de la partie secondaire des GV déployée par EDF a été revue en 2020 afin de mieux prévenir ces situations. L’ASN porte aussi une atten‑ tion particulière au suivi des dégradations des tores d’alimentation en eau des GV des réacteurs de 1 300 et de 1 450 MWe. Des opérations de remplacement de GV sont planifiées au rythme d’un réacteur par an dans les années à venir. Les tuyauteries auxiliaires du circuit primaire principal De nombreuses fissures liées à de la corro‑ sion sous contrainte ou de la fatigue ther‑ mique ont été découvertes depuis 2021, en particulier sur les tuyauteries des cir‑ cuits RIS et RRA des réacteurs de 1 450 et de 1 300 MWe de type P’4, à proximité immédiate de certaines soudures. Elles ont conduit à la réalisation de nombreux contrôles et de réparations. Les investi‑ gations se poursuivront en 2025 et 2026, notamment sur d’autres systèmes (voir encadré page précédente). 2.3 Les enceintes de confinement 2.3.1 Les enceintes de confinement Les enceintes de confinement, qui consti‑ tuent la troisième barrière de confinement, font l’objet de contrôles et d’essais destinés à vérifier leur conformité aux exigences de sûreté. En particulier, leur comportement mécanique doit garantir une bonne étan‑ chéité du bâtiment réacteur si la pression à l’intérieur de celui‑ci venait à dépasser la pression atmosphérique, ce qui peut survenir dans certains types d’accident. C’est pourquoi ces essais comprennent, à la fin de la construction, puis lors des visites décennales, une montée en pres‑ sion de l’enceinte interne avec une mesure du taux de fuite. Ces essais sont impo‑ sés par les décrets d’autorisation de créa‑ tion de chaque réacteur et par l’arrêté du 7 février 2012 fixant les règles générales relatives aux installations nucléaires de base (INB). D’autres matériels participent à la fonc‑ tion de confinement, tels que les systèmes pour accéder à l’intérieur de l’enceinte de confinement (dénommés «sas» et «tampon matériel »), le circuit de mise en dépression de l’espace inter‑enceinte des enceintes de confinement à double paroi et le circuit de ventilation de la salle de commande. 2.3.2 L’évaluation des enceintes de confinement Gestion globale de la fonction de confinement Dans son ensemble, la fonction de confine‑ ment fait l’objet d’une gestion satisfaisante de la part d’EDF. L’ASN constate toutefois encore des indisponibilités ponctuelles mais répétées affectant certains matériels participant à cette fonction. Ces indispo‑ nibilités concernent notamment le sys‑ tème de pressurisation des pénétrations de l’enceinte et de contrôle des fuites, ainsi que le système de ventilation de la salle de commande. EDF a engagé depuis 2014 un plan d’action afin de garantir que, compte tenu des évo‑ lutions des réacteurs depuis leur construc‑ tion, les débits des systèmes de ventilation répondent aux exigences de sûreté requises pour le confinement et pour le condition‑ nement thermique des installations. Le plan d’action est déployé, réacteur par réacteur, sur tous les systèmes de venti‑ lation concernés, et inclut un état des lieux des matériels et des gaines. EDF procède, le cas échéant, à des remises en état et à des améliorations ainsi qu’au réglage des débits de ventilation. La dernière phase de ce plan d’action national intègre un programme visant à s’assurer de la péren‑ nité des réglages réalisés. L’ASNR pren‑ dra position sur ce programme en 2025. Les enceintes à simple paroi revêtue sur la face interne d’une peau d’étanchéité métallique Les épreuves décennales des enceintes des réacteurs de 900 MWe réalisées depuis 2019 dans le cadre de leur qua‑ trième visite décennale n’ont pas mis en évidence de problème générique suscep‑ tible de remettre en cause leur exploitation. En 2024, cinq réacteurs avec enceinte à simple paroi ont réalisé leur épreuve enceinte, dont les résultats ont été satis‑ faisants. Les enceintes à double paroi Les épreuves des enceintes à double paroi réalisées lors des premières visites décen‑ nales des réacteurs de 1 300 MWe avaient permis de détecter une augmentation, plus importante qu’anticipée lors de la concep‑ tion, des taux de fuite de la paroi interne de certaines d’entre elles, sous l’effet combiné de déformations du béton et de perte de la précontrainte de certains câbles. EDF a alors engagé d’importants travaux consistant à recouvrir localement, par un revêtement d’étanchéité en résine, l’intra‑ dos et l’extrados de la paroi interne des enceintes des réacteurs de 1 300 MWe les plus affectés, ainsi que des réacteurs de 1 450 MWe. Ces travaux ont permis, pour l’ensemble des réacteurs sur lesquels ils ont été effec‑ tués, de respecter les critères de taux de fuite lors des épreuves des enceintes. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 311 01 03 04 07 09 11 12 13 14 15 AN Les centrales nucléaires d’EDF 05 06 02 08 10
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