RAPPORT DE L’ASN 2024

Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre pour limiter les dépôts métal‑ liques dans le circuit secondaire : lançages à l’aide de jets hydrauliques, nettoyages chimiques préventifs, remplacement de certains matériaux utilisés pour la fabri‑ cation des faisceaux tubulaires (laiton par acier inoxydable ou alliage de titane, plus résistants à la corrosion), modifica‑ tion des produits chimiques de condition‑ nement des circuits et augmentation du pH. Certaines de ces opérations néces‑ sitent l’obtention d’une autorisation de l’ASN, car elles impliquent des rejets de substances dangereuses. Depuis les années 1990, EDF conduit un programme de remplacement des GV ayant les faisceaux tubulaires les plus dégradés. La campagne de remplacement de GV concernant 26 réacteurs et dont le faisceau tubulaire était en Inconel 600 non traité thermiquement est désormais achevée. Elle se poursuit par le remplacement des GV dont le faisceau est en Inconel 600 traité thermiquement (21 réacteurs sont encore concernés). 2.2.4 L’évaluation de l’exploitation des équipements sous pression nucléaires La surveillance de l’exploitation des circuits primaires et secondaires principaux des réacteurs L’ASN considère que la surveillance menée par EDF de l’exploitation des CPP et CSP reste un point de vigilance. En particulier, EDF a poursuivi en 2024 ses contrôles défi‑ nis après la détection d’un phénomène de corrosion sous contrainte sur des tuyaute‑ ries auxiliaires des circuits primaires (voir encadré ci-dessous). Ce phénomène illustre la possibilité que des modes de dégrada‑ tion non redoutés apparaissent sur ces circuits, y compris en l’absence de retour d’expérience en France ou à l’international. Ainsi, il est nécessaire qu’EDF prévoie, au travers des programmes d’investigations complémentaires réalisés sur ces circuits à l’occasion de chaque réexamen pério‑ dique, des contrôles adaptés pour tenir compte du risque présenté par d’éventuels phénomènes de dégradation non redou‑ tés, en complément des programmes de surveillance courants. La déclinaison des programmes de sur‑ veillance en exploitation des CPP et CSP, ainsi que leur adaptation pour tenir compte de l’évolution du retour d’expérience et des connaissances concernant les modes de dégradation, font l’objet d’une atten‑ tion particulière de la part de l’ASN. À ce titre, l’ASN est attentive à ce qu’EDF ait recours à des moyens de contrôle non des‑ tructifs adaptés et dont les performances sont qualifiées. EDF doit également être en mesure de déployer de manière réac‑ tive des contrôles pour vérifier l’absence de risques particuliers, par exemple en cas de découverte ou de suspicion d’un nouveau mode de dégradation. Les cuves des réacteurs Dans le cadre des réexamens périodiques, l’ASN examine tous les dix ans la justifi‑ cation de la tenue en service des cuves. La démarche générique mise en place par EDF consiste à vérifier, selon une approche enveloppe, que toutes les cuves d’un type de réacteur présentent une résistance à la rupture brutale suffisante en tenant compte des chargements auxquelles elles sont sou‑ mises en exploitation (que ce soit lors des situations d’exploitation courantes, inci‑ dentelles ou accidentelles) et de leur fra‑ gilisation sous irradiation. Lors de cet examen, il est tenu compte des proprié‑ tés mécaniques de chaque cuve et de la présence d’un défaut hypothétique posi‑ tionné de manière pénalisante. Pour les cuves présentant des défauts particuliers, EDF vérifie également la résistance méca‑ nique des cuves affectées de ces défauts. Au terme de son instruction, l’ASN a conclu favorablement sur la capacité des cuves des réacteurs de 900 MWe à fonc‑ tionner jusqu’à leur cinquième visite décennale. En 2024, l’ASN a instruit les justifications apportées par EDF pour les cuves des réacteurs de 1300 MWe et l’ASNR prendra position en 2025. EDF mène également, lors de la visite décennale de chaque réacteur, des contrôles pour s’assurer de l’absence d’évolution des défauts existants ou d’apparition de défauts préjudiciables dans l’acier des cuves. Elle réalise également une épreuve hydraulique sous pression du circuit primaire. L’ASN émet des procès‑verbaux à la suite des contrôles effectués lors de chaque visite décennale sur le circuit primaire, et en particulier sur les cuves. En 2024, les résultats des contrôles menés ont été satisfaisants. Bilan de la corrosion sous contrainte des lignes auxiliaires À la suite de la découverte de fissures de corrosion sous contrainte fin 2021 sur des tuyauteries auxiliaires du circuit primaire de certains de ses réacteurs, EDF a mis en place un programme qui a permis de contrôler plus de 1200 soudures des systèmes RIS et RRA. En 2024, EDF a maintenu la mobilisation d’importants moyens de contrôle et d’analyse pour identifier les causes de ces dégradations. EDF a achevé en 2024 les remplacements qui étaient programmés à titre préventif pour les tuyauteries les plus sensibles. Cinq autres réparations de soudures ont été effectuées par ailleurs, à la suite de la découverte de nouveaux défauts. À ce stade, les contrôles réalisés depuis fin 2021 ont mis en évidence la présence de 80 fissures de plus de 2 mm de profondeur sur ces tuyauteries, ce qui confirme le caractère sérieux de ce phénomène, dont on pensait jusqu’alors qu’il n’était pas susceptible d’affecter ces lignes. La stratégie de contrôle a mis l’accent sur les soudures réparées lors de leur fabrication, qui sont plus sensibles à la corrosion sous contrainte. Les contrôles de ces soudures ont mis en évidence trois fissures de grande taille, qui auraient pu conduire à une perte d’intégrité de la tuyauterie en cas de sollicitation mécanique importante. Par ailleurs, la campagne de contrôle réalisée depuis fin 2021 a conduit à la découverte d’une dizaine de fissures de fatigue. Ce phénomène était connu comme susceptible d’affecter ces tuyauteries, mais certaines de ces fissures ont été découvertes au niveau de soudures qui ne faisaient pas l’objet d’un suivi particulier. Ces éléments devront conduire EDF à rendre plus robuste sa stratégie de suivi en service pour ce qui concerne le risque de fissuration par fatigue. EDF a remplacé l’ensemble des tuyauteries jugées les plus sensibles au phénomène de corrosion sous contrainte. D’ici la fin du premier trimestre 2025, l’ensemble des soudures des tuyauteries RIS et RRA réparées lors de leur fabrication aura été contrôlé et, d’ici la fin 2026, EDF aura contrôlé environ 55% des soudures des lignes RIS et RRA susceptibles d’être concernées par ce phénomène. L’ASN considère que ce taux de contrôle permettra d’avoir une bonne vision de la sensibilité à la corrosion sous contrainte de ces tuyauteries et de compléter les connaissances portant sur le risque de fissuration par fatigue. EDF poursuit par ailleurs la mise en œuvre d’un programme de contrôle par sondage des soudures des autres tuyauteries en acier inoxydable du circuit primaire des réacteurs, afin de vérifier leur absence de sensibilité à la corrosion sous contrainte. En 2024, l’ASN a poursuivi son contrôle des actions menées par EDF en menant des inspections dans les services d’ingénierie, dans les centrales nucléaires et dans les usines des sous‑traitants d’EDF, dans le cadre des opérations de contrôle ou de remplacement de tuyauteries. L’ASN a également poursuivi les échanges avec ses homologues étrangers, dont plusieurs ont réalisé des contrôles spécifiques. À ce stade, l’ASN note que les REP étrangers ne semblent pas concernés par un phénomène d’une telle ampleur. L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) restera mobilisée sur cette problématique en 2025, et suivra avec attention les résultats des contrôles mis en œuvre par EDF. Elle instruira les évolutions de la stratégie de contrôles d’EDF qui pourraient en découler. Pour disposer des dernières informations sur le sujet : asn.fr/l‑asn‑controle/ corrosion‑sous‑contrainte 310 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les centrales nucléaires d’EDF

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