RAPPORT DE L’ASN 2024

ORANO L’ASN considère que la dynamique actuelle d’Orano, tant pour améliorer le fonctionnement d’ensemble des installations existantes que pour anticiper les futurs enjeux de l’aval du « cycle », résultant des annonces gouvernementales début 2024 relatives à la stratégie de traitement‑recyclage au‑delà de 2040, est positive. En 2024, Orano a achevé le remplacement, sur le site de La Hague, des évaporateurs concentrateurs de produits de fission pré‑ cédents qui présentaient une corrosion plus avancée que prévu à leur conception. Les projets visant à sécuriser la gestion des matières et des déchets radioactifs sur le site de La Hague se sont poursuivis. Sur le site du Tricastin, les travaux de construc‑ tion de l’Atelier de maintenance des conte‑ neurs 2 (AMC2) se poursuivent en vue d’une mise en service en 2025; ceux de l’exten‑ sion de l’usine Georges Besse II (INB 168) ont démarré en septembre 2024, à l’issue d’une enquête publique réalisée au prin‑ temps 2024. Enfin, le plan d’action destiné à surmonter les difficultés de production de l’usine Melox à Marcoule continue d’être déployé. L’ASN considère que ces éléments participent à la poursuite de l’améliora‑ tion du fonctionnement d’ensemble des installations. Orano a annoncé le 15 octobre 2024 lors de la réunion plénière du Haut Comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), la reprise par Orano du projet de construction de nou‑ velles capacités d’entreposage « sous eau » de combustibles usés, dans l’optique de mettre en service un premier bassin avant 2040, en lieu et place du projet de piscine d’entreposage centralisé jusqu’ici porté par EDF. L’ASN considère que les études en vue de la transmission à l’ASN en 2026 d’un dossier d’options de sûreté des projets de nouvelles capacités d’entreposage « sous eau» de combustible usé doivent être pour‑ suivies et intensifiées avec un haut niveau d’exigence, tout comme celles engagées en 2024 sur la pérennité des installations exis‑ tantes, compte tenu des enjeux associés au vieillissement de l’ensemble des installa‑ tions, tant du point de vue de la sûreté que de la robustesse du «cycle du combustible». Orano devra en outre veiller à ce que l’en‑ gagement de ressources dans ces nouveaux projets ne se fasse pas au détriment d’autres projets d’amélioration de fonctions supports ou du traitement du passif de substances radioactives entreposées sur les sites, qui ne sont pas moins prioritaires. Les installations en fonctionnement L’ASN considère que le niveau de sûreté des installations des sites Orano de La Hague et du Tricastin est resté satisfaisant. L’ASN relève une bonne maîtrise des opérations de conduite et d’exploitation, tout en appe‑ lant à une plus grande rigueur concernant le suivi des prescriptions techniques et des contrôles périodiques. S’agissant de l’usine Melox, l’ASN considère que son niveau de sûreté est globalement satisfaisant et note positivement le respect de ses objectifs de production, ainsi que la stabilisation de la production de « rebuts MOX» par rapport à 2023. La radioprotection des personnels En matière de radioprotection, l’ASN note positivement le fonctionnement du pôle de compétence au sein des établissements, même s’il subsiste toujours des écarts en radioprotection qui restent à traiter via des plans d’action spécifiques en cours. L’ASN relève favorablement le travail d’harmoni‑ sation des pratiques réalisé au niveau de la plateforme du Tricastin. L’ASN reste vigilante s’agissant de l’installation Melox, du fait du nombre important d’interventions liées à la main- tenance préventive et corrective des équi- pements de l’installation, dans le contexte du déploiement d’un important pro‑ gramme de maintenance visant à accroître la disponibilité des installations. Ces inter‑ ventions présentent des enjeux dosimé‑ triques souvent significatifs. La protection de l’environnement Sur le site de La Hague, s’agissant des dispositions de maîtrise des risques non radiologiques, l’ASN considère que la survenue d’une fuite d’une cuve d’acide nitrique sur un parc extérieur de stockage de réactifs doit donner lieu à un retour d’expérience approfondi à l’échelle de l’établissement. Par ailleurs, l’ASN relève des écarts récurrents concernant la maîtrise des fluides frigorigènes et gaz à effets de serre fluorés, qui doivent amener Orano à améliorer les dispositions prises pour prévenir, détecter et réduire à un niveau aussi faible que possible les émissions associées. Les réévaluations de sûreté des installations L’ASN considère que l’organisation mise en place par Orano pour évaluer la conformité de ses installations et réévaluer leur sûreté, dans le cadre des réexamens périodiques, est satisfaisante. Elle appelle cependant Orano à renforcer sa vigilance sur la mise en œuvre des plans d’action établis lors de chaque réexamen périodique, et sur le respect des délais des prescriptions régle‑ mentaires et des engagements pris. De manière générale, l’ASN considère qu’Orano doit mettre à profit les prochains réexamens périodiques pour conforter et consolider les améliorations en matière de sûreté apportées aux installations et anti‑ ciper la gestion des modifications compte tenu des perspectives de poursuite de fonc‑ tionnement des installations du «cycle du combustible ». En particulier, ces réexa‑ mens devront contribuer à déployer une démarche robuste de maîtrise du vieil‑ lissement, y compris pour les utilités ou fonctions supports directement ou indi‑ rectement nécessaires au fonctionnement des systèmes de sûreté des installations. La reprise et le conditionnement des déchets anciens et le démantèlement sur le site de La Hague De nombreux déchets anciens à La Hague ne sont pas entreposés selon les standards de sûreté actuels et présentent des enjeux majeurs. La reprise et le conditionnement des déchets (RCD) est une étape clé pour l’avancement des démantèlements des usines définitivement arrêtées. L’ASN réalise un suivi périodique de l’avan‑ cée de ces projets complexes, et note positi‑ vement une bonne appropriation par Orano de l’évaluation de la maturité des projets, ainsi que le déploiement d’outils de pilotage. L’ASN considère qu’Orano doit néanmoins progresser dans la robustesse des scénarios de reprise et de traitement de déchets et dans la fiabilisation des procédés en exploi‑ tation de reprise des déchets, afin de garan‑ tir les plannings des différents projets de RCD et de démantèlement annoncés. Par ailleurs, l’ASN considère qu’Orano doit progresser dans l’anticipation des inte‑ ractions entre les installations en fonc‑ tionnement et certains équipements des installations en démantèlement, aujourd’hui toujours utilisés pour les besoins du fonctionnement. Le démantèlement des installations du Tricastin avance de manière globalement satisfaisante, avec notamment en 2024 la fin des études détaillées pour le démantè‑ lement des cascades de diffusion de l’usine Georges Besse I. Néanmoins, Orano doit améliorer la gestion des passifs du site, notamment sur l’INB 105, où le désentre‑ posage des matières et déchets des aires 61 et 79 connaît un retard conséquent. Les appréciations installation par installation Les appréciations de l’ASN sur chaque installation nucléaire sont détaillées dans les pages du Panorama régional de ce rapport. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 25 Les appréciations de l’ASN

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