Les événements concernant les sources, les déchets et les effluents radioactifs (31 ESR, soit 10% des ESR déclarés) Ces ESR sont liés majoritairement aux pertes/découvertes de sources, à la disper‑ sion de radionucléides (liée à des déborde‑ ments de cuves d’effluents radioactifs ou à des fuites dans le circuit d’évacuation de ces effluents), à des livraisons non conformes aux autorisations et aux rejets non autorisés d’effluents dans l’environnement (vidange de cuves, etc.). Des difficultés de gestion des déchets solides produits dans le cadre des trai‑ tements par RIV de certains cancers de la prostate avec des MRP utilisant du lutétium‑177 ont récemment émergé, avec notamment le déclenchement de portiques de détection de radioactivité dans les centres de tri de déchets prove‑ nant d’un centre hospitalier ou de parti‑ culiers (voir encadré page précédente) . Des consignes sont données au patient à son départ du service de médecine nucléaire pour la gestion des déchets produits à domi‑ cile (par exemple, protections hygiéniques) dans les jours qui suivent son traitement, parmi lesquelles le stockage de ses déchets pendant plusieurs semaines à son domicile. Ces consignes ne sont à ce jour pas harmo‑ nisées au niveau national. Le stockage de ce type de déchets à domicile peut être dif‑ ficile (manque de place, local non adapté). Aussi, il arrive que des déchets parviennent avant le délai indiqué dans les consignes de sortie des patients dans les installations de traitement des déchets, provoquant le déclenchement des portiques de détection de radioactivité. Des solutions ont été pro‑ posées par des centres de traitement des déchets ménagers comme la mise à disposi‑ tion des patients de collecteurs de plus gros volume et le ramassage de ces collecteurs en porte‑à‑porte, tout en renforçant la sensibi‑ lisation des patients. À la suite à d’une aug‑ mentation de déclenchements de portiques de détection de radioactivité en entrée de centres de traitement des déchets liées à l’émergence de nouveaux MRP (en particu‑ lier ceux contenant du lutétium-177), l’ASN a, en 2024, initié des travaux en s’appuyant notamment sur le GPRP et un GT associant des représentants de la Société française de médecine nucléaire et imagerie molé‑ culaire (SFMN), de l’IRSN, de la DGS, de la DGOS, de l’ANSM, de la Direction géné‑ rale de la prévention des risques (DGPR) et des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS). Ces travaux visent à identifier des pistes d’amélioration pour mieux gérer ces situations et proposer des éléments d’information pour mieux commu‑ niquer, notamment auprès des profession‑ nels intervenant dans la gestion des déchets. SYNTHÈSE Les inspections réalisées en 2024 dans un quart des services de médecine nucléaire, mises en perspective avec celles réalisées durant la période 2020-2024, permettant de couvrir l’ensemble du parc, révèlent malgré des progrès concernant la formation des professionnels, une situation moins satisfaisante en 2024 s’agissant de la radioprotection des travailleurs, en particulier, pour le suivi et l’analyse de l’exposition des professionnels, les vérifications des lieux de travail ainsi que des équipements et des sources scellées. Trois inspections réalisées avec des experts de l’IRSN, au cours desquelles des mesurages ont été effectués, indiquent globalement une bonne maîtrise du risque de contamination dans les services inspectés. Les inspections de 2024 confirment comme les années précédentes qu’une attention particulière doit être portée au respect des dispositions réglementaires concernant la gestion des effluents (notamment la vérification du fonctionnement des alarmes des cuves de décroissance et de leur report en heures non ouvrables) et des déchets générés par les patients, liés à l’émergence de nouveaux radiopharmaceutiques, qui peuvent être à l’origine de déclenchements de portique de détection de la radioactivité à l’entrée de sites de traitement de déchets. S’agissant de la radioprotection des patients, une meilleure situation est observée concernant la mise en œuvre du principe d’optimisation avec le recueil et l’analyse des NRD. Le déploiement des SMQ doit encore progresser, de même que la qualité des analyses des ESR. Les ESR révèlent que les processus de préparation et d’administration des médicaments, en particulier l’utilisation de l’activimètre, doivent être régulièrement évalués afin d’assurer la maîtrise du circuit du médicament (voir le bulletin « Sécuriser le circuit du médicament en médecine nucléaire »). En outre, des mesures de prévention du risque d’extravasation et de prise en charge des patients en cas de survenue d’un tel risque doivent être définies dans l’ensemble des services car ces situations peuvent conduire à des expositions significatives au site d’injection. L’émergence croissante d’essais cliniques mettant en jeu de nouveaux vecteurs et de nouveaux radionucléides (lutétium-177, actinium-225, holmium-166, etc.) rend nécessaire l’approfondissement de la connaissance des enjeux de radioprotection associés, non seulement pour le patient et son entourage, mais également pour les professionnels, le public et l’environnement. L’ASNR publiera un avis en 2025 sur la base des avis d’experts qu’elle a sollicités et des travaux entrepris avec l’ensemble des acteurs concernés. L’engagement et la collaboration de toutes les parties prenantes : agences de contrôle, fabricants, promoteurs, investigateurs, prestataires de soins ainsi qu’associations professionnelles est essentiel pour permettre le développement de l’innovation dans un cadre sécurisé et ceci au bénéfice des patients. Enfin, en 2025, l’ASNR adaptera la fréquence de ses inspections, respectivement cinq ans et trois ans pour les services réalisant uniquement des actes diagnostiques et ceux mettant en œuvre des actes thérapeutiques, et poursuivra les inspections avec des campagnes de mesurage permettant d’évaluer la maîtrise du risque de contamination dans les services de médecine nucléaire. 2.4 Les pratiques interventionnelles radioguidées Les pratiques interventionnelles radio‑ guidées (PIR) regroupent l’ensemble des techniques d’imagerie utilisant des rayon‑ nements ionisants à visée d’imagerie, de guidage ou de contrôle, pour la réalisa‑ tion d’actes médicaux ou chirurgicaux invasifs, à but diagnostique, préventif ou thérapeutique. Elles reposent donc sur l’utilisation d’imagerie radiologique en temps réel pour guider des interven‑ tions médicales précises et mini‑invasives. Aujourd’hui, il est possible de traiter des patients qui autrefois étaient considérés comme inopérables ou qui nécessitaient des interventions chirurgicales majeures. Ils bénéficient ainsi de procédures moins traumatisantes, avec des temps de récu‑ pération plus courts et des risques de complications réduits. Depuis plusieurs années maintenant, ces pratiques médicales sont en évolution constante, et répondent à un nombre de plus en plus important de pathologies, ouvrant les portes à de nouvelles possi‑ bilités thérapeutiques et diagnostiques. Du fait de leur caractère interventionnel, ces actes sont réalisés dans deux environ‑ nements distincts en fonction de la cible et de la pathologie traitée, en blocs opé‑ ratoires ou en services d’imagerie inter‑ ventionnelle. Les salles fixes de radiologie interventionnelle ont été conçues et amé‑ nagées en prenant en compte l’utilisation des rayonnements ionisants. Ce n’est pas le cas pour tous les blocs opératoires, qui font progressivement l’objet de mise en conformité. Du fait des niveaux d’exposition mis en jeu, tant pour les patients que pour les professionnels qui peuvent être amenés à travailler à proximité des sources, et en rai‑ son de l’augmentation du nombre d’actes réalisés sous rayonnements ionisants, les PIR et particulièrement les blocs opéra‑ toires, du fait d’une moindre culture de radioprotection, font partie des priorités nationales d’inspection de l’ASN. 236 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les utilisations médicales des rayonnements ionisants
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