RAPPORT DE L’ASN 2024

l’acquisition des images (16 %) (panne, pro‑ tocole erroné, etc.). Un ESR a été particu‑ lièrement marquant au regard du nombre de patients concernés (70) et a fait l’objet d’un avis d’incident publié sur le site de l’ASN. Il s’agit de la délivrance de doses supérieures à celles prévues pour des exa‑ mens de scintigraphie du fait de l’utili‑ sation erronée de l’activimètre servant à mesurer les activités à injecter aux patients. En 2024, neuf événements survenus au cours d’un acte thérapeutique ont été décla‑ résdont cinq événements liés à des compli‑ cations associées soit à la mise en œuvre de microsphères d’yttrium-90 (3 ESR), soit à des cas d’extravasation(9) avec du luté‑ tium-177 (2 ESR). Une fiche « Retour d’ex‑ périence » concernant des complications intervenues lors d’un traitement d’un can‑ cer hépatique par radio‑embolisation utili‑ sant l’yttrium-90 a été élaborée en 2024 afin de partager les bonnes pratiques permet‑ tant de limiter la fréquence de survenue de ces aléas. Les autres ESR concernent 9. L’extravasation est une injection ou une fuite accidentelle inappropriée et non-intentionnelle de médicaments dans les espaces péri-vasculaires ou souscutanés, plutôt que dans le compartiment vasculaire cible. des erreurs lors de la manipulation ou de l’injection de MRP (deux ESR avec du lutétium-177 et deux avec de l’iode-131). L’ASN attire l’attention des services de médecine nucléaire sur le risque d’extra‑ vasation intervenant dans le cadre d’une thérapie avec du lutétium-177 PSMA qui peuvent conduire à une exposition locale de l’ordre de plusieurs grays à la peau et nécessiter une prise en charge particu‑ lière. L’ASNR dressera, en 2025, avec les professionnels, un retour d’expérience des ESR qui lui ont été déclarés. Les événements concernant les professionnels (14 ESR, soit 5 % des ESR déclarés) Quatorze événements concernant des pro‑ fessionnels en médecine nucléaire ont été déclarés en 2024. Ils résultent de conta‑ minations ayant entraîné des expositions interne ou externe (contaminations surfa‑ ciques liées à des manipulations non maî‑ trisées ou lors de la réception d’un flacon cassé). Aucun de ces ESR n’a conduit à un dépassement de la limite réglementaire de dose pour les travailleurs concernés, mais un des ESR a été classé de niveau 1 sur l’échelle INES du fait du dépassement ponctuel, du quart de la limite réglemen‑ taire d’exposition aux extrémités. Cet ESR a fait l’objet d’un avis d’incident publié sur le site de l’ASN (voir encadré page précédente). Les événements concernant le public (19 ESR, soit 7 % des ESR déclarés) Dix‑huit ESR résultent de l’exposition de fœtus de femmes qui ignoraient leur grossesse. Les doses reçues étaient sans conséquence pour l’enfant à naître. Un bulletin « La sécurité du patient », publié en 2021, a été consacré à ce type d’événe‑ ment. Le 19e ESR concerne un débit de dose élevé (point chaud) mis en évidence au niveau d’un couloir de circulation, lié à des canalisations présentant une cristal‑ lisation importante nécessitant un entre‑ tien spécifique pour éliminer la source d’exposition. Élimination non conforme de déchets contaminés par des radionucléides provenant de services de médecine nucléaire Un ESR a été déclaré à l’ASN début août 2024 à la suite du déclenchement de portiques de détection de radioactivité sur un site de réception de déchets en provenance d’un des établissements d’un groupe hospitalier. Cet ESR fait suite à une série d’autres déclarations de déclenchements de portiques lors de la réception de déchets en provenance d’établissements de ce même groupe hospitalier. Au total, cinq conteneurs de déchets contaminés par des radionucléides utilisés en médecine nucléaire ont ainsi été expédiés vers les sites de traitement de déchets, sans que les exigences règlementaires de gestion des déchets par décroissance n’aient été respectées. Les services de médecine nucléaire, qui utilisent des préparations radioactives à des fins diagnostiques ou thérapeutiques, produisent couramment des déchets marqués par des éléments radioactifs. Ceux‑ci, du fait de leur décroissance rapide, perdent leur radioactivité après quelques heures à quelques jours ; ils ne peuvent donc être éliminés par les filières de traitement des déchets qu’après une période d’attente dite de décroissance radioactive, phénomène naturel de désintégration des atomes radioactifs au fil du temps et qui permet à la radioactivité de s’atténuer progressivement, jusqu’à devenir équivalente au bruit de fond de la radioactivité naturelle. Cette élimination reste conditionnée par les résultats de contrôles dont l’un fait intervenir un portique de détection à poste fixe sur site, comme défini par la décision n° 2008-DC-0095 de l’ASN (articles 15 et 16). Les centres de traitement des déchets, en application de la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l’environnement, disposent quant à eux de portiques de détection de la radioactivité, qui leur permettent de détecter dès leur réception une éventuelle contamination des déchets qui leur sont adressés, et de prendre le cas échéant les mesures nécessaires pour que ceux‑ci soient traités dans des filières adaptées. L’analyse de ces événements a mis en évidence, d’une part, un dysfonctionnement du système de détection fixe d’un établissement ; d’autre part, des écarts aux procédures d’élimination, un conteneur de déchets contaminés par des radionucléides ayant déclenché le système de détection de l’aire de tri de déchets sans être remis en décroissance radioactive avant son élimination. L’ASN a classé au niveau 1 de l’échelle INES le dernier événement de la série du fait de sa répétition sur une courte période (4 ESR en moins de trois mois) et rappelle dans l’avis d’incident publié sur son site l’importance de maintenir en bon état de fonctionnement les systèmes de détection radioactive des aires de tri de déchets contaminés par des radionucléides dans les établissements de santé, ainsi que l’importance de la formation des opérateurs en charge de ce tri aux consignes applicables dans l’établissement. Ce type d’événement de déclenchement de portique peut également survenir au moment de la réception de déchets radiomarqués produits par des patients à leur domicile après un acte médical de RIV, lorsque ces déchets sont éliminés avec les ordures ménagères sans avoir respecté la durée de gestion par décroissance, ou lorsqu’ils contiennent des radioéléments à durée de vie plus longue, comme c’est le cas avec le lutétium-177 métastable parfois présent comme impureté dans les préparations radiopharmaceutiques à base de lutétium-177. Compte tenu de la croissance forte des prises en charge de patients pour des traitements en RIV, de la préférence donnée aux modalités de dispensation ambulatoires, et de la difficulté à mettre en place des dispositions de rétention et de collecte des déchets radiomarqués produits par certains patients à leur domicile, la fréquence de ces événements tend à augmenter. La gestion de tels événements mobilise des moyens considérables (intervention des pompiers ou de personnel spécialisé, tri complémentaire des déchets, caractérisations radiologiques, gestion séparée, etc.) et peut avoir des conséquences opérationnelles très pénalisantes pour le système de collecte et de gestion des déchets ménagers: dans certains cas, des grèves de collecte ou des refus de prise en charge des déchets ont été observés, illustrant l’impact majeur et spécifique que peut avoir un incident dès lors qu’il revêt une dimension radiologique. L’ASNR appelle l’ensemble des acteurs concernés (promoteurs, services, établissements, sociétés savantes, collectivités, etc.) à se mobiliser pour mettre en place les dispositions nécessaires pour prévenir de manière robuste la survenue de ces incidents, dans un contexte où une forte hausse des traitements en RIV est attendue dans les prochaines années. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 235 01 03 04 09 11 12 13 14 15 AN Les utilisations médicales des rayonnements ionisants 05 06 02 08 10 07

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