thérapies complexes utilisant de l’iode dans les activités délivrées à une dose supé‑ rieure à 800 MBq, du lutétium-177, de l’yttrium-90 (avec hospitalisation en chambre radioprotégée ou non). En consé‑ quence, environ un quart du parc national est inspecté chaque année. Ces fréquences évolueront à partir de 2025 pour prendre en compte la réforme des autorisations de soins qui a dissocié au regard des enjeux deux catégories de services de médecine nucléaire (mention A et mention B). Ainsi, les services de médecine nucléaire de men‑ tion B seront inspectés tous les trois ans alors que ceux de mention A le seront tous les cinq ans (voir point 1.3.3). Au regard des enjeux de radioprotection, les contrôles de l’ASN portent sur la radio‑ protection des travailleurs (organisation de la radioprotection, délimitation des zones réglementées, dosimétrie d’ambiance, dosi‑ métrie des travailleurs), la radioprotection des patients (analyse des NRD, contrôles de qualité des DM, maîtrise de la dispensation des MRP) et la gestion des sources (circuit des sources non scellées, de la livraison à leur élimination, tels que les locaux de livraison, les cuves d’entreposage et les rejets des effluents). En 2024, 69 services de médecine nucléaire ont été inspectés, représentant 27 % des installations. Lors de ces inspections, les centres ont mentionné des problèmes d’effectifs, notamment de manipulateurs en électroradiologie médicale (difficulté à recruter, forte mobilité), ainsi que des difficultés de recrutement de praticiens dans certaines régions. Avec la mise en place progressive de la réforme des auto‑ risations de soins se pose aussi la question d’un nombre suffisant de radiopharma‑ ciens, ces derniers devant désormais assu‑ rer leur concours aux services de médecine nucléaire relevant de la mention A. Dans le contexte du développement de la RIV, le nombre de physiciens médicaux est égale‑ ment un sujet d’attention. L’ASN s’attache à questionner les centres sur l’adéquation de leurs ressources, en particulier lors de nouveaux projets et dans un contexte d’activité croissante. En 2024, l’ASN a mené des inspections avec des experts de l’IRSN afin de véri‑ fier, avec l’aide de moyens de mesure, la maîtrise du risque de contamination par les RAN (voir encadré ci-contre). 2.3.3.1 La radioprotection des professionnels de médecine nucléaire Sur le plan radiologique, le personnel est soumis à un risque d’exposition externe, en particulier au niveau des doigts, du fait notamment de la manipulation de certains radionucléides (cas du fluor-18, de l’iode-131, du gallium-68 ou de l’yttrium-90), lors de la préparation et de l’injection des MRP, ainsi qu’à un risque d’exposition interne par incorporation accidentelle de substances radioactives. Les inspections réalisées en 2024 offrent un bilan mitigé de l’évolution de la prise en compte des exigences de radioprotec‑ tion des professionnels comparativement aux années précédentes (voir graphique 6). Le suivi et l’analyse des expositions des professionnels marquent le pas au sein des services inspectés alors qu’une progression avait été observée les années précédentes (77 % des services inspectés respectent ces dispositions contre plus de 90% les années précédentes). Les autres écarts observés concernent des défauts de vérification du risque de contamination atmosphérique ou de non‑contamination des zones atte‑ nantes aux locaux où sont manipulés les radionucléides, l’application des disposi‑ tions relatives à la délimitation des zones réglementées en cohérence avec les véri‑ fications des lieux de travail, ainsi que les vérifications des équipements de travail et des sources scellées. La nette diminution de conformité observée pour ces dernières en 2023 se confirme, seuls 64% des services inspectés ayant pu justifier de vérifica‑ tions réalisées à la fréquence réglementaire requise pour toutes les sources et tous les équipements. En outre, seuls 38% des ser‑ vices inspectés avaient mis en œuvre des travaux de mise en conformité à la suite des constats de non‑conformité faits lors des dernières vérifications. Enfin, un axe d’amélioration récurrent reste celui de la coordination des mesures de prévention avec les entreprises extérieures, avec un peu plus d’un tiers seulement des services de médecine nucléaire ayant établi un plan de prévention avec l’ensemble des entre‑ prises intervenantes. En revanche, la désignation d’une per‑ sonne compétente en radioprotection (PCR) dédiée à la médecine nucléaire est bien respectée (attestation valide délivrée par l’employeur dans tous les services ins‑ pectés), et la mise à jour de la formation des professionnels à la radioprotection connaît une nette amélioration en 2024 après le recul observé ces dernières années (78 % des services inspectés ont la totalité des professionnels concernés formés depuis moins de trois ans, contre 59 % en 2023). 2.3.3.2 La radioprotection des patients en médecine nucléaire Les inspecteurs de l’ASN notent une nette amélioration dans la démarche d’optimisa‑ tion, avec 82 % des services qui déploient une gestion complète des NRD, contre 68 % en 2023 (voir graphique 7), même si ponctuellement des difficultés sont encore observées, pouvant aller jusqu’à l’absence totale de démarche d’optimisation dans certains services. La gestion des contrôles de qualité externes des DM retrouve un niveau satisfaisant après le recul observé en 2023 puisque 89 % des services inspectés avaient réalisé les contrôles qualité de l’ensemble de leurs DM à la fréquence réglementaire requise (voir graphique 7). L’organisation mise en place pour per‑ mettre l’intervention d’un physicien médi‑ cal, l’identification de ses missions et la quantification de son temps de présence sur site sont à un niveau satisfaisant dans 80 % des services (voir graphique 7). Cette organisation peut encore progresser dans certains services inspectés en 2024, où le plan d’organisation de la physique médi‑ cale (POPM) est incomplet et l’organisa‑ tion de la physique médicale décrite dans le POPM est jugée insuffisante. Enfin, à la suite de la publication des deux décisions n° 2019-DC-0660 et n° 2021-DC0708 de l’ASN fixant les obligations d’as‑ surance de la qualité, respectivement en imagerie médicale et pour les actes théra‑ peutiques, l’ASN constate un engagement et un investissement importants des ser‑ vices de médecine dans le déploiement des SMQ. Le déploiement de la démarche d’habilitation se poursuit même si l’ASN constate cette année encore des disparités entre les personnels médical et paramé‑ dical, cette démarche étant souvent plus largement déclinée pour les professionnels paramédicaux. La culture de déclaration des événements, même si elle est présente Les inspections sur le thème des vérifications de non-contamination Au cours de l’année 2024, trois inspections réalisées dans des services de médecine nucléaire ont inclus un volet dédié à la vérification de non-contamination avec l’aide des moyens de mesure de l’IRSN. Les mesures de contamination atmosphérique et surfacique ont été réalisées à l’aide de préleveurs d’air, de contaminamètres et par la réalisation de frottis analysés en laboratoire. Les points de mesure et de prélèvements ont été déterminés par les experts de l’IRSN sur la base des plans du service et de ses activités le jour des mesures. Ils concernaient à la fois des endroits clés du service et des points de mesure dans les locaux attenants (salle d’attente avant injection, couloir de circulation en zone non réglementée, etc.). Les premiers retours sur ces campagnes de mesure indiquent globalement une bonne maîtrise du risque de contamination dans les services inspectés. Les rapports d’analyse sont ensuite partagés au responsable de l’activité pour qu’il puisse en tenir compte dans la définition des points de mesure faisant l’objet des vérifications réglementaires. Cette démarche va être poursuivie dans plusieurs autres services de médecine nucléaire en 2025. 232 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les utilisations médicales des rayonnements ionisants
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