Depuis plus d’un siècle, la médecine fait appel, tant pour le diagnostic que pour la thérapie, à des rayonnements ionisants produits par des généra‑ teurs électriques ou par des radionucléides en sources scellées ou non scellées. Ces techniques représentent la deuxième source d’exposition de la population aux rayonnements ionisants (après l’exposition aux rayonnements naturels) et la première source d’origine artificielle (voir chapitre 1). On distingue l’exposition des patients qui bénéficient d’un acte diagnostique ou théra‑ peutique utilisant des rayonnements ionisants de celle des travailleurs, du public et de l’en‑ vironnement, pour lesquels il n’y a pas de bénéfice direct. Le principe de limitation de dose ne s’applique pas aux patients, du fait de la nécessité d’adapter la dose délivrée à l’objec‑ tif diagnostique ou thérapeutique. Les principes de justification et d’optimisation sont fondamentaux, même si les enjeux de radioprotection diffèrent selon les utilisations médicales. En radiothérapie (externe ou curiethérapie) comme en radiothérapie interne vectorisée (RIV) qui connaît actuellement un fort développement, l’enjeu majeur est lié à la dose administrée et, le cas échéant, aux hauts débits de dose utilisés. Il existe des enjeux spé‑ cifiques liés à l’utilisation de sources de radionucléides scellées (en curiethérapie, avec des sources de haute activité) et non scellées (en médecine nucléaire), associés, pour ces dernières, aux doses délivrées à l’entourage du patient (famille), ainsi qu’à la gestion des déchets et des effluents. Les procédures interventionnelles radioguidées, toujours en plein essor, réalisées à l’aide de dispositifs de plus en plus sophistiqués, peuvent conduire à une exposition significative du patient, pour lequel cet acte est bénéfique pour sa santé, mais aussi pour les personnels qui se trouvent à proximité immédiate. Enfin, les examens de scanographie, s’ils ne présentent pas d’enjeu majeur en matière de dose délivrée ou de débit de dose pour un individu, contribuent de façon très importante à l’ex‑ position de la population liée aux actes de diagnostic médical, par la fréquence de leur utilisation, soulignant l’importance de la justification de chaque acte utilisant des rayon‑ nements ionisants. 1 Radioprotection et utilisations médicales des rayonnements ionisants 1. La radiothérapie interne vectorisée vise à administrer un médicament radiopharmaceutique ou à implanter un dispositif médical radioactif pour que les rayonnements ionisants délivrent une dose importante au plus près de l’organe qu’il est nécessaire de traiter (dit aussi « organe cible ») dans un but curatif ou palliatif. La majorité de ces traitements sont dispensés au sein des services de médecine nucléaire. 1.1 Les différentes catégories d’activité On distingue au sein des activités nucléaires dans le domaine médical deux grandes familles, celles à finalité diagnos‑ tique et celle à finalité thérapeutique. Les activités médicales de diagnostic mettant en œuvre des rayonnements ionisant sont la radiologie dont la scanographie, la radiologie conventionnelle, la radiologie dentaire et la médecine nucléaire diagnos‑ tique. À la frontière entre le diagnostic et le thérapeutique se trouvent les pratiques interventionnelles radioguidées (PIR), qui regroupent différentes techniques utilisées principalement pour des actes médicaux ou chirurgicaux invasifs, à but diagnostique, préventif ou thérapeutique sous le contrôle d’une image obtenue avec des rayons X. Les activités à finalité thérapeutique sont en majorité dédiées au traitement de can‑ cers, comme la radiothérapie externe, la radiochirurgie, la curiethérapie et la méde‑ cine nucléaire thérapeutique (dite « radio‑ thérapie interne vectorisée » – RIV(1)). Ces différentes activités, avec les tech‑ niques utilisées, sont présentées aux points 2.1 à 2.6. 1.2 Les situations d’exposition en milieu médical 1.2.1 L’exposition des professionnels Les professionnels du milieu médical sont soumis en particulier au risque d’expo‑ sition externe, générée par les disposi‑ tifs médicaux – DM (appareils contenant des sources radioactives, générateurs de rayons X ou accélérateurs de particules) ou par des sources scellées ou non scel‑ lées. En cas d’utilisation de sources non scellées, le risque de contamination doit Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 213 01 03 04 09 11 12 13 14 15 AN Les utilisations médicales des rayonnements ionisants 05 06 02 08 10 07
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