3 Exploiter les enseignements 3.1 S’exercer L’objectif principal des exercices d’urgence nucléaire et radiologique est de tester le dispositif prévu en cas de situation d’urgence radiologique afin : ∙de mesurer le niveau de préparation de toutes les entités impliquées (autorités de sûreté, experts techniques, exploitants) ; ∙de s’assurer que les plans sont tenus à jour, connus des responsables et des inter‑ venants à tous les niveaux et que les pro‑ cédures d’alerte et de coordination qu’ils comportent sont opérantes ; ∙d’entraîner les personnes qui seraient impliquées dans une telle situation ; ∙de mettre en œuvre les différents aspects de l’organisation et les procédures prévues par les directives interministérielles : les plans d’urgence, les plans de secours, les plans communaux de sauvegarde et les diverses conventions ; ∙de contribuer à l’information des médias et de développer une approche pédago‑ gique destinée à la population, afin que chacun puisse concourir par son compor‑ tement à la sécurité civile ; ∙de capitaliser les connaissances et expé‑ riences en matière de gestion des situa‑ tions d’urgence. Ces exercices, planifiés dans une instruc‑ tion interministérielle annuelle, associent l’exploitant, les ministères, les préfectures et les services départementaux, l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire de défense (ASND), l’IRSN et Météo‑France, ce qui peut représenter jusqu’à 300 personnes lorsque des moyens sont déployés sur le terrain. Ils visent à tester l’efficacité des dispositifs d’évaluation de la situa‑ tion, la capacité à placer l’installation ou le colis dans un état maîtrisé, à prendre les dispositions adéquates pour protéger les populations et à mettre en place une bonne communication vers les médias et les populations intéressées. 3.1.1 Les exercices nationaux d’urgence nucléaire et radiologique Dans la continuité des années anté‑ rieures, l’ASN, en liaison avec le SGDSN, la DGSCGC et l’ASND, a préparé le pro‑ gramme 2024 des exercices nationaux d’ur‑ gence nucléaire et radiologique concernant les INB et les transports de substances radioactives. Ce programme a été annoncé aux Préfets par l’instruction interministérielle du 24 janvier 2024. De façon générale, ces exercices per‑ mettent de tester les cercles décision‑ nels au plus haut niveau et la capacité de communication des principaux acteurs sur lesquels une pression médiatique simulée est parfois exercée. Le tableau 2 décrit les caractéristiques essentielles des exercices nationaux menés en 2024. Outre les exercices nationaux, les Préfets sont invités à mener des exercices locaux pour les sites implantés dans leur dépar‑ tement, afin d’approfondir la préparation aux situations d’urgence radiologique et de tester spécialement les délais de mobi‑ lisation des acteurs. La réalisation d’un exercice national d’ur‑ gence nucléaire et radiologique, selon une périodicité maximale de cinq ans sur les sites nucléaires soumis à un PPI et d’au moins un exercice annuel concernant le transport de substances radioactives, apparaît comme un juste compromis entre l’objectif d’entraînement des personnes et le délai nécessaire pour faire évoluer les organisations. En 2024, outre les objectifs généraux des exercices listés dans le tableau 2, des objectifs complémentaires ont été intro‑ duits dans la planification en intégrant les enseignements tirés des retours d’ex‑ périence, ainsi que les résultats des exer‑ cices et entraînements expérimentaux réalisés en 2023. Des exercices pour être pleinement opérationnel le 1er janvier 2025 La loi n° 2024-450 du 21 mai 2024 relative à l’organisation de la gouvernance de la sûreté nucléaire et de la radioprotection pour répondre au défi de la relance de la filière nucléaire prévoit la création de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) par regroupement de l’ASN et de l’IRSN. Ainsi, depuis le 1er janvier 2025, l’ASNR a repris les missions actuellement assurées par l’ASN et par l’IRSN en situation d’urgence. Dès la publication de cette loi, l’ASN et l’IRSN ont renforcé leur collaboration pour permettre à l’ASNR de disposer d’une organisation de crise opérationnelle au 1er janvier 2025. Cette organisation de crise a été testée à plusieurs reprises entre septembre et décembre 2024, à la fois lors des exercices de crise nationaux (voir tableau 2 des exercices nationaux 2024), mais également lors des exercices dits « locaux » organisés par les exploitants nucléaire au niveau local. C’est ainsi que le mardi 17 septembre 2024, les équipes de l’ASN et de l’IRSN se sont retrouvées au centre crise de l’IRSN de Fontenay-aux-Roses (le futur siège du centre de crise de l’ASNR) pour participer à un exercice de crise organisé par EDF sur le site de Flamanville en mode de fonctionnement ASNR pour la première fois. Une trentaine d’équipiers de crise de l’IRSN et de l’ASN ont participé à cet exercice qui a débuté à 9h20 avec le déclenchement du PUI du site de Flamanville. De nombreux observateurs venus se familiariser avec la nouvelle organisation et préparer le retour d’expérience étaient également présents. Le regroupement dans un centre de crise unique, largement apprécié par les participants, a permis des interactions plus fluides entre les différents acteurs, facilitant ainsi la production de recommandations et d’éléments d’appréciation de la situation à destination des pouvoirs publics. Cet exercice a fait l’objet d’un retour d’expérience commun ASN-IRSN afin d’alimenter les travaux du groupe de travail chargé de la mise en œuvre de l’organisation de crise de l’ASNR au 1er janvier 2025. Un premier exercice pour tester l’organisation de crise de l’ASNR 182 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les situations d’urgence radiologique et post‑accidentelles
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