Dans un secteur médical en perpétuelle innovation, l’année 2024 aura été marquée par une accélération inédite du développement de techniques médicales innovantes recourant aux rayonnements ionisants. Des innovations dans tous les domaines médicaux Cette accélération est particulièrement notable dans le domaine de la radiothérapie interne vectorisée (RIV) où, à la suite de la généralisation des thérapies recourant au lutétium-177, les essais cliniques se multiplient autour de nouveaux radionucléides d’intérêt tels que l’acti‑ nium-225 ou le plomb-212. Dans le domaine de la radio‑ thérapie, les recherches pré‑cliniques se développent sur l’effet flash, qui consiste à délivrer un très haut débit de dose en un temps très court, laissant imaginer des temps considérablement réduits pour certains traitements. Dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées, la multiplication des indications et la complexité croissante des actes rendent compte de la variété des pratiques et de leurs conditions de réalisation. Parfois, l’innovation réside dans la conception de la plate‑ forme technique de dispensation, comme c’est le cas avec le dispositif de radiothérapie externe auto‑blindé ZAP‑X®, qui permet d’envisager le déploiement de l’offre de soins avec des contraintes réduites d’aménagement des locaux. Ces innovations sont porteuses d’espoirs nouveaux pour les patients, et la pression est forte pour les intégrer rapide‑ ment dans le système de soin. Leur développement rapide, loin du temps long du nucléaire, constitue cependant un défi pour la radioprotection. En effet, la mesure des enjeux de radioprotection, et plus encore l’identification puis la mise en œuvre des moyens nécessaires pour leur maîtrise, reposent sur le développement des connaissances et des compétences des professionnels, sur l’acquisition et le par‑ tage de données dont certaines ne sont disponibles que sur le moyen terme, sur la mise à disposition d’infrastructures adaptées et sur la mobilisation d’un large réseau d’interve‑ nants et d’acteurs. Le cas particulier de la radiothérapie interne vectorisée Dans le domaine de la RIV, l’acte médical comporte des enjeux particuliers de radioprotection pour les patients et leur entourage, les travailleurs ainsi que l’environnement. Ces enjeux sont parfois incomplètement évalués, notam‑ ment lors de l’utilisation de nouveaux radionucléides ou de nouveaux vecteurs. Les connaissances en dosimétrie et en métrologie doivent impérativement être dévelop‑ pées pour les émetteurs alpha et bêta utilisés en RIV, et les données détenues par les promoteurs ou collectées au sein des équipes de recherche, dans le cadre des essais cliniques, doivent être mieux partagées avec l’ensemble des acteurs. Enfin le système de soins doit s’organiser pour que les données complémentaires nécessaires soient col‑ lectées, notamment celles relatives au suivi des patients à moyen et long terme, à la surveillance radiologique du personnel soignant, et au retour d’expérience des événe‑ ments indésirables et des événements significatifs pour la radioprotection (ESR), et cela dès la mise en place des premiers soins au titre de l’accès précoce. Le recueil et l’exploitation de ces données sont nécessaires pour que les La radioprotection au défi des techniques médicales innovantes 01 I 02 I 03 I 04 FAITS MARQUANTS 2024 18 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024
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