RAPPORT DE L’ASN 2024

limites réglementaires applicables aux travailleurs. Ces limites visent l’exposi‑ tion totale (depuis 2003, la limite annuelle, exprimée en matière de dose efficace, est de 20 mSv sur douze mois consécutifs), obtenue en ajoutant la dose due à l’ex‑ position externe et celle résultant d’une éventuelle contamination interne ; d’autres limites, appelées « limites de dose équi‑ valente », sont définies pour l’exposition externe de certaines parties du corps telles que les mains, la peau et le cristallin (voir rubrique « Réglementer » sur asn.fr). Les données enregistrées permettent de connaître, pour chaque travailleur, y com‑ pris ceux des entreprises extérieures, la dose d’exposition cumulée sur une période déterminée ne pouvant dépasser trois mois. Elles sont rassemblées dans le sys‑ tème d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (Siseri) géré par l’IRSN et font l’objet d’une publication annuelle. Les résultats de l’exposition des travail‑ leurs aux rayonnements ionisants présen‑ tés ci‑après sont issus du bilan IRSN 2023, La radioprotection des travailleurs – exposition professionnelle aux rayonnements ionisants en France. Sur le plan méthodologique, comme pour les cinq années précédentes, le bilan IRSN 2023 de l’exposition externe a été exclusivement réalisé à partir des données de la surveillance individuelle de l’exposition externe des travailleurs enre‑ gistrées dans la base Siseri. Jusqu’en 2016, les bilans étaient exclusivement élaborés par agrégation des synthèses annuelles demandées aux organismes de dosimé‑ trie. En conséquence, les résultats de 2023 pour l’exposition externe ne sont directe‑ ment comparables qu’à ceux établis à partir de l’année 2017. Afin de pouvoir néan‑ moins établir des tendances, les résultats des années 2015 et 2016 ont été réévalués avec la nouvelle approche méthodologique (voir tableau 3). Les tableaux 1 et 2 présentent, par domaine d’activité et pour l’année 2023, la réparti‑ tion des effectifs surveillés, de la dose col‑ lective (la dose collective est la somme des doses individuelles reçues par un groupe de personnes donné) et du nombre de dépas‑ sements de la limite annuelle de 20 mSv. Ils témoignent d’une grande disparité de la répartition des doses selon les secteurs. Par exemple, le secteur des activités médi‑ cales (dont le secteur dentaire) et vétéri‑ naires, qui regroupe une part importante des effectifs surveillés (58,5 %), ne repré‑ sente que 9,7 % de la dose collective ; par contre, le secteur de l’industrie du nucléaire civil qui ne représente que 24 % des effectifs, comptabilise 54 % de la dose collective. En outre, le secteur concerné 7. Le nombre total de travailleurs suivis comprend l’ensemble des travailleurs, y compris ceux issus des activités militaires et de défense. 8. Un sixième dépassement comptabilisé par l’IRSN dans son bilan a depuis la publication du rapport fait l’objet d’une réévaluation par le médecin du travail, la dose finalement attribuée étant en dessous de la valeur limite réglementaire. 9. La valeur limite de 20 mSv sur douze mois consécutifs est entrée en vigueur le 1er juillet 2023 avec une période transitoire du 1er juillet 2018 au 30 juin 2023 où la valeur cumulée pour le cristallin était fixée à 100 mSv, pour autant que la dose reçue au cours d’une année ne dépasse pas 50 mSv. par une exposition à la radioactivité natu‑ relle (hors personnel navigant militaire), qui ne représente que 6,2 % de l’effectif total, comptabilise 30,9 % de la dose collec‑ tive. Enfin, les secteurs de l’industrie non nucléaire et de la recherche représentent respectivement 4 et 2,6 % des effectifs et comptabilisent respectivement 4 et 0,2 % de la dose collective. Le tableau 3 montre que, pour l’exposition externe, le nombre total de travailleurs(7) suivis en 2023 est de 360 743 en diminu‑ tion de 6,6 % par rapport à 2022. La dose collective est de 84,2 homme.Sv, valeur en baisse de 5 % par rapport à celle de 2022. Elle a pour origine principale la baisse des effectifs des domaines médical, dentaire, vétérinaire et la baisse de l’exposition des travailleurs à la radioactivité naturelle. Concernant la dosimétrie des extrémités (doigts et poignets), le nombre de travail‑ leurs suivis en 2023 est de 25 852, en baisse de 6,3 % par rapport en 2022 (soit 7,2 % de l’effectif suivi). Pour ce qui concerne la surveillance dosi‑ métrique au cristallin, qui était en progres‑ sion depuis 2015, elle se stabilise depuis 2021. Elle a concerné 5 762 travailleurs en 2023. En 2023, cinq dépassements(8) de la limite réglementaire de 20 mSv pour la dose effi‑ cace corps entier ont été enregistrés dont un a été confirmé par le médecin du travail et quatre qui n’ont pas fait l’objet d’une confirmation du médecin du travail. Le cas de dépassement de la limite confirmé par le médecin du travail concerne le sec‑ teur dentaire et a été détecté en août 2023 pour une dose cumulée de 25,9 mSv sur 12 mois glissants. Les quatre autres cas de dépassement ponctuel de cette limite de dose, qui n’ont pas été confirmés par la médecine du travail, concernent : pour trois cas le domaine médical (radiodiagnos‑ tic, radiologie interventionnelle, secteur dentaire) et pour le dernier cas un tra‑ vailleur du contrôle non destructif dans le domaine de l’industrie non nucléaire. Un dépassement de la limite réglemen‑ taire de la dose équivalente aux extrémi‑ tés (500 mSv sur douze mois consécutifs), confirmé par le médecin du travail, a été enregistré dans le domaine médical (radio‑ logie interventionnelle) avec un cumul de doses de 534,93 mSv. Par ailleurs, trois dépassements de la limite réglementaire de la dose équivalente à la peau de 500 mSv ont été enregistrés. Un cas concerne un travailleur appartenant au secteur de la logistique et de la main‑ tenance du nucléaire dont la dose enre‑ gistrée (520,4 mSv) a été confirmée par le médecin du travail. Les deux autres cas concernent des travailleurs aussi concernés par un dépassement de la limite de dose efficace corps entier mentionné ci‑dessus et qui n’ont pas été confirmés par la méde‑ cine du travail : un du secteur dentaire et un du secteur du contrôle non destructif dans le domaine de l’industrie. Enfin, une dose équivalente de 21,34 mSv au cristallin a été enregistrée dans le sec‑ teur du radiodiagnostic du domaine médi‑ cal mais résulte du cumul de plusieurs doses sur l’année civile 2023, et la dose cumulée du 1er juillet 2018 au 30 juin 2023 reste inférieure à la limite de 100 mSv (76,2 mSv)(9). DIAGRAMME 1 Exposition moyenne de la population française 0,01 Autres (rejets des installations, retombées des essais atmosphériques) 0,6 Rayonnements telluriques 1,5 Médical 3,5 Radon TOTAL 6,5 mSv/an 0,6 Eaux et aliments 0,3 Rayonnements cosmiques Source : IRSN, 2021. 110 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2024 Les activités nucléaires : rayonnements ionisants et risques pour la santé et l’environnement

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