Rapport de l'ASN 2021

À la demande de l’ASN, EDF a adopté une approche globale de surveillance et de maintenance pour les zones concernées. Plusieurs zones du circuit primaire en alliage Inconel 600 font ainsi l’objet d’un contrôle particulier. Pour chacune d’elles, le programme de contrôle en service, défini et mis à jour annuellement par l’exploitant, est soumis à l’ASN qui vérifie que les performances et la fréquence des contrôles mis en place par EDF sont satisfaisantes pour détecter les dégradations redoutées. Les générateurs de vapeur Les GV sont composés de deux parties, l’une appartenant au CPP et l’autre au CSP. L’intégrité des principaux éléments constitutifs des GV est surveillée, tout particulièrement celle des tubes qui constituent le faisceau tubulaire. En effet, une dégradation du faisceau tubulaire (corrosion, usure, fissure, etc.) peut créer une fuite du circuit primaire vers le circuit secondaire. La rupture de l’un des tubes du faisceau conduirait à contourner l’enceinte de confinement du réacteur, qui constitue la troisième barrière de confinement. Les GV font donc l’objet d’un programme spécifique de surveillance en exploitation, établi par EDF, révisé périodiquement et examiné par l’ASN. À la suite des contrôles, les tubes présentant des dégradations trop importantes sont bouchés pour être mis hors service. Les GV ont tendance à s’encrasser au cours du temps en raison des produits de corrosion issus des échangeurs du circuit secondaire. Sur les tubes, la couche de dépôt de produits de corrosion (encrassement) diminue l’échange thermique. Au niveau des plaques entretoises, les dépôts empêchent la libre circulation du mélange eau‑vapeur (colmatage), ce qui crée un risque d’endommagement des tubes et des structures internes et peut dégrader le fonctionnement global du GV. Pour minimiser l’encrassement décrit, diverses solutions peuvent être mises en œuvre et permettent de limiter les dépôts métalliques : nettoyages chimiques préventifs ou nettoyages mécaniques curatifs (lançages à l’aide de jets hydrauliques), remplacement du matériau (laiton par acier inoxydable ou alliage de titane, plus résistants à la corrosion) de certains faisceaux tubulaires d’échangeurs du circuit secondaire, modification des produits chimiques de conditionnement des circuits et augmentation du pH du circuit secondaire. Certaines de ces opérations nécessitent l’obtention d’une autorisation de rejet de certains produits mis en œuvre. Certains procédés de nettoyage chimique font encore l’objet d’essais visant à confirmer l’innocuité des produits chimiques employés. Depuis les années 1990, EDF conduit un programme de remplacement des GV constitués des faisceaux tubulaires les plus dégradés. La campagne de remplacement des GV de 26 réacteurs dont le faisceau tubulaire est en alliage Inconel 600 non traité thermiquement s’est achevée. Elle se poursuit par les remplacements des GV des 26 réacteurs dont le faisceau est en alliage Inconel 600 traité thermiquement. 2.2.4 L’évaluation des équipements sous pression en exploitation Les cuves des réacteurs L’ASN émet des procès‑verbaux à la suite des contrôles effectués à chaque visite décennale sur les circuits primaires, et en particulier les cuves, qui sont soumis lors de ces arrêts à de nombreux contrôles et à une épreuve hydraulique. Pour les réacteurs de 900 MWe et dans le cadre de la préparation des quatrièmes réexamens périodiques (voir point 2.9.3 et «Faits marquants » en introduction de ce rapport), EDF a transmis à l’ASN, en 2017, un dossier justifiant la résistance en service des cuves de ces réacteurs jusqu’à leur cinquième réexamen. La démarche générique mise en place par EDF consiste à considérer, suivant une approche enveloppe, les propriétés mécaniques issues de la cuve présentant la fragilisation sous irradiation la plus pénalisante des réacteurs de 900 MWe. EDF a réalisé des études de résistance à la rupture brutale en tenant compte de l’évolution des caractéristiques des matériaux et mènera des contrôles pour s’assurer de l’absence de défaut préjudiciable dans l’acier lors de la visite décennale de chaque réacteur. Cette démarche générique a été soumise à l’avis du Groupe permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GPESPN) le 20 novembre 2018, le 15 octobre 2019 et le 8 septembre 2020. L’examen a porté sur les défauts analysés, l’estimation du vieillissement sous irradiation du métal de la cuve, les analyses thermomécaniques, les études d’évaluation des marges vis‑à‑vis du risque de rupture brutale, le classement des transitoires de petites brèches primaires et la justification du niveau de contraintes résiduelles dans les soudures circulaires des viroles de cœur. Les études réalisées ainsi que les compléments apportés à la demande du GPESPN permettent de conclure favorablement sur la capacité des cuves à fonctionner dix années supplémentaires, sous réserve du résultat des examens réalisés à l’occasion des quatrièmes visites décennales des réacteurs concernés. Les coudes moulés Le dossier établi par EDF a fait l’objet d’une instruction par l’ASN et d’un avis du GPESPN le 23 mai 2019. À l’issue de cette analyse, l’ASN a formulé des demandes de justifications complémentaires à EDF sur la prévision du comportement du matériau vieilli, la connaissance des défauts présents dans les coudes, les analyses des marges vis‑à‑vis de la rupture brutale et le suivi en service de ces composants. EDF a fourni en 2020 des notes de justification pour certaines typologies de coudes et la stratégie de remplacement envisagée pour d’autres. La situation de certains coudes difficilement remplaçables fait l’objet de développements techniques en matière d’essais non destructifs et de régénération thermique. Les zones en alliage à base de nickel EDF a actualisé en 2018 son analyse des zones en alliage à base de nickel en réalisant un état des lieux de la conception, une évaluation du risque d’amorçage de la corrosion sous contrainte, une analyse du REX aux niveaux national et international, un bilan des analyses mécaniques et des études de sûreté, un inventaire des procédés de réparation et de contrôle disponibles, ainsi qu’une mise à jour de sa stratégie de maintenance. Ce dossier a été examiné conjointement par l’ASN et l’IRSN, puis présenté au GPESPN lors de sa séance du 26 novembre 2020. Le travail d’actualisation mené par EDF est satisfaisant. Toutefois, EDF doit apporter davantage de garanties sur la capacité des LES PRINCIPES DE LA DÉMONSTRATION DE LA RÉSISTANCE EN SERVICE DES CUVES La réglementation en vigueur impose notamment à l’exploitant : ཛྷ d’identifier les situations de fonctionnement ayant un impact sur la cuve ; ཛྷ de prendre des mesures afin de connaître l’effet du vieillissement sur les propriétés des matériaux ; ཛྷ de mettre en œuvre les moyens lui permettant de détecter suffisamment tôt les défauts préjudiciables à l’intégrité de la structure ; ཛྷ d’éliminer toute fissure détectée ou, en cas d’impossibilité, d’apporter une justification spécifique appropriée au maintien en l’état d’un tel type de défaut. 294 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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