Rapport de l'ASN 2021

au suivi en service des équipements pourraient être nécessaires pour s’assurer du maintien du niveau de sécurité des équipements. L’ASN a également demandé aux autres fabricants d’évaluer cet impact et examine les actions qu’ils entreprennent. Framatome a poursuivi ses actions d’amélioration de la qualité au sein de ses trois usines. Cela se traduit par une démarche de mise sous contrôle des procédés industriels les plus sensibles affectés par des écarts significatifs. L’ASN évalue, au travers de ses inspections, les résultats de ces actions. Elle souligne ainsi la qualité et la pertinence des actions menées, qui devront se traduire dans l’amélioration de la qualité de réalisation. En particulier, l’ASN a maintenu son implication dans le contrôle des dispositions définies pour pérenniser au sein de l’usine Framatome Le Creusot une organisation robuste, performante et adaptée aux enjeux de sûreté. Le fabricant Westinghouse a poursuivi la déclinaison de son plan d’amélioration dans son usine de fabrication de GV en Italie en matière de système qualité de surveillance interne. Les conditions pour la levée de la surveillance renforcée en place ont été définies mais n’ont pas été réunies en 2021. Les organismes habilités, les fabricants et les exploitants développent au sein de leurs structures une organisation et des moyens associés à la prévention et à la détection des risques de fraude. Bien que des avancées soient observées, la déclinaison des modalités techniques définies reste encore à parfaire, comme en 2020. Le traitement des irrégularités déclarées fin 2018 par le fournisseur d’alliages et d’aciers spéciaux Aubert & Duval se poursuit également. Les investigations menées n’ont pas conduit à identifier à ce stade de conséquences sur la sûreté des installations. 2.2.3 L’exploitation des équipements sous pression Les circuits primaire et secondaires principaux (CPP et CSP) des réacteurs, qui contribuent au confinement des substances radioactives, au refroidissement et au contrôle de la réactivité, fonctionnent à haute température et haute pression. ÉCART DANS LA MISE EN ŒUVRE PAR FRAMATOME DE PROCÉDÉS DE TRAITEMENT THERMIQUE DE DÉTENSIONNEMENT LORS DE LA FABRICATION D’ÉQUIPEMENTS SOUS PRESSION NUCLÉAIRES L’assemblage de composants par soudage crée des contraintes mécaniques au niveau des zones soudées. Pour réduire ces contraintes, le fabricant met en œuvre un traitement thermique de détensionnement (TTD) qui consiste à chauffer le matériau pendant plusieurs heures à des températures de quelques centaines de degrés. Ce chauffage peut être réalisé dans un four sur l’ensemble de l’équipement lorsque sa dimension le permet, ou localement par l’utilisation de dispositifs chauffants tels que des résistances électriques. La température et la durée de traitement doivent être maîtrisées afin de résorber les contraintes résultant du soudage sans altérer les propriétés mécaniques du matériau. En 2019, le fabricant Framatome a mis en évidence que certains procédés, mis en œuvre au sein de son usine de Saint‑Marcel ou dans les centrales nucléaires pour l’assemblage de GV, avaient conduit à une maîtrise insuffisante des températures sur les circonférences des soudures traitées. Sont concernés par cet écart 177 des 192 GV installés dans les réacteurs en fonctionnement d’EDF. EDF a justifié le maintien de l’intégrité des équipements concernés, en s’appuyant sur des résultats d’essais réalisés sur maquettes représentatives, sur des coupons de matière et sur des modèles numériques de prédiction des températures. Les équipements en cours de fabrication sont également concernés par cet écart. Il s’agit de 22 GV destinés aux réacteurs en fonctionnement, ainsi que les GV, le pressuriseur et des tuyauteries du circuit secondaire du réacteur EPR de Flamanville. Framatome définit des stratégies de traitement adaptées à chacun des équipements concernés. Elles comprennent des études de remise en conformité, des maquettes d’essais et des études de simulation numérique permettant d’évaluer l’impact des écarts sur les propriétés mécaniques attendues lorsque la remise en conformité ne peut être réalisée. En 2021, les investigations complémentaires menées par Framatome l’ont conduit à mettre en évidence des contraintes résiduelles, dont l’ampleur n’était pas attendue, générées lors de la mise en œuvre, même conforme, de ces traitements thermiques. Pour les équipements en service, Framatome a déployé un programme de caractérisation permettant, sur la base de mesures expérimentales et de simulation numérique, d’évaluer le niveau de ces contraintes et leur impact sur la tenue mécanique des équipements. L’ASN examine les justifications spécifiques apportées par EDF pour les soudures concernées par l’écart. L’ASN a de plus demandé à EDF, pour l’ensemble des soudures détensionnées, d’effectuer une analyse des risques potentiels. L’ASN examine également les justifications apportées par Framatome pour les équipements en cours de fabrication. Elle a également interrogé les autres fabricants de gros équipements (Westinghouse et MHI), afin qu’ils examinent si les procédés de traitement thermique de détensionnement qu’ils utilisent génèrent également de tels effets. Joint f inal Traitement thermique par moufles équipés de résistances électriques Joint entre viroles Joint fond/plaque 292 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF

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