Rapport de l'ASN 2021

2.2.6 Les activités utilisant des substances radioactives d’origine naturelle Les expositions aux rayonnements ionisants d’origine naturelle, lorsqu’elles sont renforcées du fait des activités humaines, justifient des actions de contrôle, si elles sont susceptibles de générer un risque pour les travailleurs exposés et, le cas échéant, pour la population. Ainsi, certaines activités incluses dans la définition des «activités nucléaires » peuvent avoir recours à l’utilisation de matériaux contenant des substances radioactives d’origine naturelle à des niveaux de concentration susceptibles d’accroître, de manière significative, l’exposition aux rayonnements ionisants des travailleurs et, dans une moindre mesure, des populations proches des lieux où sont exercées ces activités. 5. Exposition de la population française aux rayonnements ionisants – Bilan 2014‑2019, IRSN, 2021. Les familles naturelles de l’uranium et du thorium sont les principaux radionucléides rencontrés dans ces industries ; on peut citer : ∙ la production pétrolière et gazière d’énergie géothermique, de dioxyde de titane, d’engrais phosphatés et de ciment ; ∙ l’extraction de terres rares et de granits ; ∙ les activités de fonderie d’étain, de plomb ou de cuivre. Les actions de radioprotection à mener dans ce domaine visent les travailleurs (risque d’irradiation externe et de contamination interne, radon) mais aussi la population, par exemple, dans le cas de rejets d’effluents dans l’environnement ou de production de résidus susceptibles d’être réutilisés, notamment, dans les matériaux de construction. Depuis 2018, ces activités sont soumises au régime des installations classées pour la protection de l’environnement. 3 // La surveillance des expositions aux rayonnements ionisants Du fait de la difficulté d’attribuer un cancer au seul facteur de risque rayonnements ionisants, pour prévenir les cancers dans la population, une « surveillance du risque» est réalisée par la mesure d’indicateurs de la radioactivité ambiante (mesure des débits de dose par exemple), de la contamination interne ou, à défaut, par la mesure de grandeurs (activités dans les rejets d’effluents radioactifs) qui peuvent permettre ensuite de procéder, par la modélisation et le calcul, à une estimation des doses reçues par les populations exposées. La totalité de la population française est exposée à des rayonnements ionisants d’origine naturelle ou ayant pour origine des activités humaines, mais de façon inégale sur le territoire. L’exposition moyenne de la population française est estimée à 4,5 mSv par personne et par an, mais cette exposition présente une grande variabilité individuelle, notamment selon le lieu d’habitation (potentiel radon de la commune, niveau de rayonnements telluriques), le nombre d’examens radiologiques réalisés, les habitudes de consommation (tabac, denrées alimentaires) et de vie (voyages en avion). La dose efficace individuelle annuelle moyenne peut ainsi varier de 1,6 mSv à 28 mSv(5). Le diagramme 1 représente une estimation des contributions respectives des différentes sources d’exposition aux rayonnements ionisants pour la population française. 3.1 Les doses reçues par les travailleurs 3.1.1 La surveillance de l’exposition des personnes travaillant dans les installations nucléaires Le système de surveillance des expositions des personnes susceptibles d’être exposées aux rayonnements ionisants, travaillant notamment dans les INB ou dans les installations relevant du nucléaire de proximité, est en place depuis plusieurs décennies. Fondé principalement sur le port obligatoire du dosimètre à lecture différée pour les travailleurs susceptibles d’être exposés, il permet de vérifier le respect des limites réglementaires applicables aux travailleurs. Ces limites visent l’exposition totale (depuis 2003, la limite annuelle, exprimée en termes de dose efficace, est de 20 mSv sur 12 mois consécutifs), obtenue en ajoutant la dose due à l’exposition externe et celle résultant d’une éventuelle contamination interne ; d’autres limites, appelées « limites de dose équivalente », sont définies pour l’exposition externe de certaines parties du corps telles que les mains et le cristallin (voir rubrique « Réglementer » sur asn.fr). Les données enregistrées permettent de connaître, pour chaque travailleur, y compris ceux des entreprises extérieures, la dose d’exposition cumulée sur une période déterminée (mensuelle ou trimestrielle). Elles sont rassemblées dans le système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants (Siseri) géré par l’IRSN et font l’objet d’une publication annuelle. Les résultats de l’exposition des travailleurs aux rayonnements ionisants présentés ci‑après sont issus du bilan IRSN 2020 – La radioprotection des travailleurs – Exposition professionnelle aux rayonnements ionisants en France. Sur le plan méthodologique, comme pour les trois années précédentes, le bilan IRSN 2020 de l’exposition externe a été exclusivement réalisé à partir des données de la surveillance individuelle de l’exposition externe des travailleurs enregistrées dans la base Siseri. Jusqu’en 2016, les bilans étaient exclusivement élaborés par agrégation des synthèses annuelles demandées aux organismes de dosimétrie. En conséquence, les résultats de 2020 pour l’exposition externe ne sont directement comparables qu’à ceux de 2019, 2018 et 2017. Afin de pouvoir néanmoins établir des tendances, les résultats des années 2015 et 2016 ont été réévalués rétroactivement avec la nouvelle approche méthodologique (voir tableau 3). Les tableaux 1 et 2 présentent, par domaine d’activité et pour l’année 2020, la répartition des effectifs surveillés, de la dose collective (somme des doses individuelles reçues par un groupe de personnes donné) et du nombre de dépassements de la limite annuelle de 20 mSv. Ils témoignent d’une grande disparité de la répartition des doses selon les secteurs. Par exemple, le secteur des activités médicales et vétérinaires, qui regroupe une part importante des effectifs surveillés (59%), ne représente que 11% de la dose collective ; par contre, le secteur de l’industrie du nucléaire civil qui ne représente que 22% des effectifs, comptabilise 52 % de la dose collective et le secteur concerné par une exposition à la radioactivité naturelle qui ne représente que 5,9% de l’effectif total, comptabilise 31% de la dose collective. Le secteur industriel, quant à lui, représente 4,2% des effectifs et comptabilise 3,5% de la dose collective. Le tableau 3 montre que le nombre total de travailleurs suivis par dosimétrie externe à lecture différée est en augmentation d’environ 1% par an depuis 2015 jusqu’en 2019. En 2020, le nombre de travailleurs suivis a diminué de 1,9%. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2021 109 01 – LES ACTIVITÉS NUCLÉAIRES : RAYONNEMENTS IONISANTS ET RISQUES POUR LA SANTÉ ET L’ENVIRONNEMENT 08 07 13 04 10 06 12 14 03 09 05 11 02 01 AN

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