Rapport de l'ASN 2020

Reprise et conditionnement des boues de STE2 La station STE2 d’UP2‑400 servait à collecter les effluents de l’usine UP2‑400, à les traiter et à entreposer les boues de pré‑ cipitation issues du traitement. Les boues de STE2 sont ainsi les précipités qui fixent l’activité radiologique contenue dans les effluents et elles sont entreposées dans sept silos. Une partie des boues a été enrobée dans du bitume et condition‑ née dans des fûts en acier inoxydable dans l’atelier STE3. À la suite de l’interdiction du bitumage par l’ASN en 2008, Orano a étudié d’autres modes de conditionnement pour les boues non conditionnées ou entreposées. Le scénario concernant la reprise et le conditionnement des boues de STE2 présenté en 2010 était découpé en trois étapes : • reprise des boues entreposées dans des si los de STE2 (INB 38) ; • transfert et traitement, initialement envisagé par séchage et compactage, dans STE3 (INB 118) ; • conditionnement des pastilles obtenues en colis dénom‑ més « C5 » en vue du stockage en couche géologique profonde. L’ASN a autorisé la première phase de travaux pour la reprise des boues de STE2 en 2015 et le décret d’autorisation de créa‑ tion de la station de traitement des effluents STE3 a été modifié par décret du 29 janvier 2016, afin de permettre l’implantation du procédé de traitement des boues de STE2. Fin 2017, Orano Cycle a cependant informé l’ASN que le pro‑ cédé retenu pour le traitement des boues dans STE3 pouvait entraîner des difficultés pour l’exploitation et la maintenance des équipements. Orano Cycle a proposé un scénario alter‑ natif par centrifugation et a transmis en août 2019 un dossier d’options de sûreté (DOS), qui repose cependant sur des hypo‑ thèses encore trop peu étayées. Une inspection réalisée fin 2019 a confirmé que le projet n’était pas suffisamment mûr pour que l’ASN puisse donner un avis sur ce DOS. Celui‑ci devait être révisé, en particulier sur les options structurantes du projet concernant le traitement des effluents et les rejets dans l’environnement, ainsi que la maî‑ trise du risque d’incendie. En 2020, l’ASN a engagé l’instruction du nouveau DOS, trans‑ mis en juillet 2020 par Orano et apportant des compléments, en particulier sur les sujets liés à la réactivité des boues et au traitement des effluents. L’ASN a par ailleurs poursuivi l’ins‑ truction de la demande d’autorisation pour l’implantation des équipements de reprise sur les toits des silos de l’atelier STE2, en portant une attention particulière au risque d’incendie, dont la maîtrise n’est pas complètement démontrée. Sur ce dernier sujet, des compléments restent attendus par l’ASN. Silo 130 Le silo 130 est un entreposage enterré en béton armé, muni d’un cuvelage en acier noir utilisé pour l’entreposage à sec de déchets solides issus du traitement des combustibles des réacteurs uranium naturel-graphite-gaz (UNGG), ainsi que de déchets technologiques et de terres et gravats contaminés. Le silo a reçu des déchets de ce type à partir de 1973, jusqu’à son incendie en 1981, qui a contraint l’exploitant à noyer ces déchets. L’étanchéité du silo ainsi rempli d’eau n’est aujourd’hui assurée qu’au moyen d’une unique barrière de conf inement, constituée d’une « peau » en acier. La surveillance de l’étanchéité du silo 130 est effectuée par un réseau de piézomètres situés à proximité. Le scénario de reprise et de conditionnement de ces déchets comporte quatre étapes : • reprise et conditionnement des déchets UNGG solides ; • reprise des effluents liquides ; • reprise et conditionnement des déchets UNGG résiduels et des boues de fond de silo ; • reprise et conditionnement des terres et gravats. Orano Cycle a construit une cellule de reprise au‑dessus de la fosse contenant les déchets et un nouveau bâtiment dédié aux opérations de tri et de conditionnement. En 2020, la prépa‑ ration des opérations de reprise des déchets s’est poursuivie et l’étape clé de la constitution du premier fût de reprise de déchets du silo 130 a été franchie. Après un arrêt prolongé des installations en raison du conf inement lié à la gestion de la crise sanitaire et à l’intégration de modifications matérielles préalable à la reprise des opérations, dont le remplacement des câbles de la herse, Orano a procédé à la reprise de l’ex‑ ploitation en octobre 2020, après avoir effectué la première expédition de fûts vers l’atelier d’entreposage/désentreposage de déchets solides (E/D EDS) sur le site de La Hague. Les enjeux de sûreté associés au silo 130 Le silo 130 a été conçu et construit selon les exigences de sûreté en vigueur dans les années 1960. La structure du génie civil du silo 130 est aujourd’hui fragilisée par le vieillissement et par l’incendie survenu en 1981. En outre, les déchets, initialement entreposés à sec, se retrouvent submergés pour partie dans un volume important d’eau, depuis l’extinction de l’incendie de 1981. L’eau est donc en contact direct avec les déchets et peut contribuer à la corrosion du cuvelage en acier noir, qui est aujourd’hui l’unique barrière de confinement. Ainsi, un des risques majeurs concerne la dispersion des substances radioactives dans l’environnement (infiltration de l’eau contaminée dans la nappe phréatique). Un autre facteur pouvant compromettre la sûreté du silo 130 est lié à la nature des substances présentes dans les déchets, comme le magnésium, qui est pyrophorique. L’hydrogène, gaz hautement inflammable, peut aussi être produit par des phénomènes de radiolyse ou de corrosion (présence d’eau). Ces éléments contribuent aux risques d’incendie et d’explosion. Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 81 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION NORMANDIE

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