Rapport de l'ASN 2020

plus chargés dans les années à venir et de la consolidation des résultats attendus du déploiement du plan d’amélioration de la rigueur d’exploitation lancé en 2020. L’ASN a noté une forte implication des équipes de conduite des réacteurs pour l’application rigoureuse des règles d’ex‑ ploitation, qui s’illustre par l’absence d’arrêt automatique en 2020 ou d’événements lors de plusieurs replis de réacteurs. Dans le domaine de la maintenance, les efforts ont conduit à une amélioration du niveau de surveillance des gestes tech‑ niques réalisés, ainsi qu’à des actions permettant de limiter les écarts lors des interventions et des chantiers. Cette amé‑ lioration est cependant contrebalancée par des remises en service de systèmes rallongées avec impact sur les durées de fin d’arrêt. Par ailleurs, l’impact de la crise sanitaire a bien été maîtrisé et anticipé. Le nombre d’événements signif icatifs a suivi la tendance à l’amélioration observée sur le plan qualitatif, avec 40 évé‑ nements déclarés par le site contre 51 en 2019. Toutefois, un nombre important de ces événements sont encore à associer à des défaillances organisationnelles ou humaines, dans la ligne des années précédentes ; ainsi, des contrôles réalisés en 2020 ont mis en lumière de nombreuses défaillances dans la réalisation des examens de conformité réalisés dans le cadre des visites décennales des réacteurs 1 et 2 en 2016 et 2018, conduisant le site à devoir réaliser de nouveau de nombreux examens de conformité a posteriori. En outre, plusieurs indis‑ ponibilités répétées des systèmes de mesure de la radioactivité (KRT) ou du système de réfrigération intermédiaire (RRI) sont à noter. Enfin, certains écarts mineurs ont été identifiés dans l’intégration ou la prise en compte des modifications à appor‑ ter aux systèmes de lutte contre l’incendie. La capacité du site à déclarer et analyser les événements signif icatifs reste satisfaisante, les délais étant respectés et les analyses réalisées de bonne qualité. Le plan d’amélioration de la rigueur d’exploitation mis en place par EDF à la suite du diagnostic d’une tendance néga‑ tive en 2019 a ainsi apporté des premiers résultats globalement encourageants ; il conviendra d’en poursuivre la mise en œuvre afin de confirmer et compléter ces résultats, notamment pour l’organisation, la réalisation et la surveillance des activités de maintenance à venir. En matière d’environnement, l’année 2020 a été moins contrainte que l’année 2019, qui avait été marquée par un étiage long de la Moselle. Toutefois, l’exposition du site aux enjeux climatiques, nécessitant notamment des besoins accrus de nettoyage des échangeurs du système de réfrigé‑ ration intermédiaire, reste un sujet de vigilance. Par ailleurs, un dépassement du premier seuil en concentration en légion‑ nelle dans le circuit de refroidissement tertiaire a été constaté en 2020. Il s’agit d’un enjeu, spécifique au site, nécessitant un pilotage particulier, sur l’ensemble de l’année, des campagnes de traitements biocides. Quelques événements liés à des déversements accidentels de produits chimiques (hydrazine, ferrolin) rappellent la nécessité d’améliorer les pratiques du site en matière de gestion et de confinement des produits. Dans le domaine de la radioprotection, la préparation des chantiers sous l’angle des enjeux radiologiques et la maîtrise de la contamination ont fait l’objet d’efforts sensibles ; elle pourra gagner à s’appuyer sur une prise en compte plus directe de l’état réel des installations et de son évolution, plutôt que sur des approches théoriques de la démarche d’optimisation. Par ailleurs, plusieurs écarts identifiés sur des points fondamen‑ taux, tels que la maîtrise des accès aux zones rouges, ont été notés et nécessitent des actions spécifiques de l’exploitant. Enfin, dans le domaine de la sécurité au travail, la centrale de Cattenom a montré une bonne capacité à mettre en place les mesures nécessaires dans le cadre de la crise sanitaire, et à adapter l’organisation du site en conséquence. L’incident de déversement d’hydrazine mentionné ci‑dessus a mis en lumière une situation sensible au sein d’une entreprise pres‑ tataire, qui a fait l’objet d’une attention particulière de l’ins‑ pecteur du travail. Centrale nucléaire de Chooz La centrale nucléaire de Chooz est exploitée par EDF dans le département des Ardennes, sur le territoire de la commune de Chooz, à 60 km au nord de Charleville‑Mézières. Le site est constitué de la centrale nucléaire des Ardennes, dite Chooz A, comprenant le réacteur A (INB 163), exploité de 1967 à 1991, dont les opérations de mise à l’arrêt déf initif et de démantèlement ont été autorisées par le décret n° 2007‑1395 du 27 septembre 2007, et la centrale nucléaire de Chooz B, comprenant deux réacteurs d’une puissance de 1450MWe chacun (INB 139 et 144), mis en service en 2001. Réacteurs B1 et B2 en fonctionnement L’ASN considère que les performances en matière de sûreté nucléaire de la centrale nucléaire de Chooz B rejoignent globalement l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF, mais qu’elles sont légère‑ ment en retrait concernant la radioprotection. En matière de protection de l’environnement, les performances se dis‑ tinguent favorablement et sont jugées satisfaisantes. Sur le plan de la sûreté nucléaire, l’ASN constate que la dyna‑ mique de progrès installée depuis plusieurs années dans l’ex‑ ploitation des réacteurs se poursuit, avec notamment une diminution du nombre d’événements signif icatifs, dans un contexte pourtant marqué par une forte activité liée à la visite décennale du réacteur 1. Une vigilance particulière doit être maintenue quant à la gestion des documents opérationnels et la traçabilité de la validation des contrôles et du suivi de l’état des installations. Concernant la maintenance, des efforts doivent être poursuivis en matière de rigueur d’intervention. Une attention particulière doit par ailleurs être portée sur l’organisation des activités pour garantir la pérennité de la qualification des équipements aux conditions accidentelles, ainsi que sur la qualité des analyses de risques. 60 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION

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