Rapport de l'ASN 2020

de fabrication de sources radioactives ELAN IIB (INB 47) et l’atelier « haute activité oxyde » (HAO), créé pour le traitement des combustibles des réacteurs à « eau légère » (INB 80). Contrairement aux déchets conditionnés directement en ligne que produisent les usines en fonctionnement UP2‑800 et UP3‑A, la majeure partie des déchets produits par la première usine de retraitement ont été entreposés sans être traités ni conditionnés. Le démantèlement se fait donc en parallèle des opérations de reprise et conditionnement des déchets anciens (RCD). Ces déchets sont très irradiants et sont composés d’éléments de structure issus du traitement de combustibles, de déchets technologiques, de gravats, de terres, de boues. Certains déchets ont été entreposés en vrac, sans tri préalable. Les opérations de reprise nécessitent donc des moyens de préhension téléopérés, des systèmes de convoyage, de tri, des systèmes de pompage des boues et de conditionnement des déchets. Le développement de ces moyens et la réalisation des opérations dans des conditions acceptables de sûreté et de radioprotection constituent un enjeu majeur pour l’exploitant. Ces opérations pouvant durer plusieurs décennies, la maîtrise du vieillissement est aussi un défi. Tenant compte des quantités, des formes physico‑chimiques, de la radiotoxicité des déchets contenus dans ces ateliers, l’exploitant doit développer des moyens et des compétences faisant appel à des techniques d’ingénierie complexes (radioprotection, chimie, mécanique, électrochimie, robotique, intelligence artificielle, etc.). Actuellement, une dizaine de projets de ce type sont en cours dans les ateliers anciens. Ils vont se dérouler sur plusieurs décennies et sont un préalable au démantèlement complet de ces ateliers, alors que le démantèlement des parties de procédé de l’usine se poursuit avec des techniques plus classiques. 2.5  Les installations support (entreposage, traitement des effluents et de déchets radioactifs) Un bon nombre de ces installations, la plupart mises en service dans les années 1960, dont le niveau de sûreté n’est pas conforme aux meilleures pratiques actuelles, ont été arrêtées. S’agissant des anciennes installations d’entreposage, elles n’ont pas initialement été conçues pour permettre l’évacuation de leurs déchets et, pour certaines, le stockage de ces déchets y était envisagé comme définitif. À titre d’exemples, on peut citer les silos de Saint‑Laurent‑des‑Eaux (INB 74), les silos de l’usine Orano de La Hague (silos 115 et 130 dans l’INB 38, le silo HAO dans l’INB 80), les fosses et tranchées de l’INB 56, les puits de l’INB 72 et de l’INB 166. La reprise des déchets y est complexe et s’étendra sur plusieurs décennies. Les déchets doivent être ensuite conditionnés et ré‑entreposés dans de bonnes conditions de sûreté. De nouvelles installations de conditionnement et d’entreposage sont ainsi en projet ou en cours de construction. S’agissant des stations de traitement des effluents (STE), qui procédaient également au conditionnement des concentrats, le vieillissement de ces installations ou l’arrêt du fonctionnement des installations productrices d’effluents a conduit à l’arrêt de ces STE. À titre d’exemples, on peut citer la station de traitement des effluents et des déchets radioactifs (STED) de Fontenay‑aux‑Roses, l’INB 37-B de Cadarache, la STE2 de l’usine de La Hague et la STE de Brennilis. Les difficultés associées au démantèlement des STE dépendent étroitement des conditions de l’arrêt de ces dernières, en particulier de leur vidange et du rinçage des cuves. Les difficultés majeures associées au démantèlement des installations support sont les suivantes : ∙ la méconnaissance de l’historique d’exploitation et de l’état de l’installation à démanteler, qui nécessite la caractérisation préalable des déchets anciens et des analyses de prélèvement de boues ou dépôts dans les cuves des STE. Cette caractérisation nécessite, d’une part, le développement de méthodes et la mise en œuvre d’équipements spécifiques pour réaliser les prélèvements, d’autre part, la disponibilité de laboratoires d’analyse ; ∙ la difficulté d’accès aux déchets pour permettre leur reprise, qui n’était pas prise en compte à la conception (silos, tranchées, fosses bétonnées, exiguïté des locaux, etc.), nécessitant la construction coûteuse d’infrastructures conformes aux exigences de sûreté actuelles et conduisant à des durées de reprise longues et à des aléas ; ∙ la prise en compte de la dégradation des barrières de confinement, par exemple la corrosion de fûts de déchets ou de pollution des sols résultant d’événements significatifs survenus lors de l’exploitation. La pandémie de Covid‑19 a entraîné l’arrêt de nombreux chantiers de démantèlement au printemps 2020, compte tenu des restrictions de déplacement mises en place par le Gouvernement. Certains chantiers critiques de démantèlement et de reprise et conditionnement des déchets (RCD), notamment au sein des installations exploitées par Orano, à l’instar de celui de la cellule «haute activité oxyde» (HAO), ont tout de même pu poursuivre une partie de leurs activités. Ces arrêts ou ralentissements ont entraîné le décalage de quelques mois de l’atteinte de certains jalons, concernant notamment la réalisation de prélèvements ou encore la conduite effective de certaines opérations de démantèlement. Par ailleurs, le recours généralisé au télétravail a également pu induire un retard dans la réalisation de certaines études ainsi que pour le dépôt de dossiers appelés par la réglementation. À l’issue du premier confinement, la reprise progressive des chantiers interrompus s’est déroulée de façon satisfaisante dans le respect des règles sanitaires en vigueur. Lors du deuxième confinement, les exploitants ont mis en œuvre des protocoles permettant la poursuite des chantiers, en restreignant le nombre de personnes sur site, conformément aux consignes gouvernementales. Ce fonctionnement adapté a permis aux exploitants de limiter les effets de la crise sur le déroulement des opérations de démantèlement. INCIDENCE COVID Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 351 13 – LE DÉMANTÈLEMENT DES INSTALLATIONS NUCLÉAIRES DE BASE 13

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