Rapport de l'ASN 2020

ont été dues, dans les cas rencontrés en 2020, à des aléas sur certains équipements du circuit secondaire. L’ASN considère qu’EDF doit veiller à la disponibilité de ses installations, et plus particulièrement du circuit secondaire, avant la conduite des transitoires de divergence et de montée en puissance. Lors du déchargement du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Paluel fin 2019, EDF avait constaté la présence d’un dépôt de corrosion sur plus d’un tiers des assemblages de combustible du cœur. Observé pour la première fois sur un réacteur électronucléaire français, ce dépôt est notamment dû au remplacement des générateurs de vapeur lors de l’arrêt précédent. Cette opération est en effet à l’origine d’une forte concentration en produits de corrosion dans le circuit primaire. Usuellement neutralisés et évacués, ces produits de corrosion se sont déposés sur le cœur en raison, notamment, d’une première remontée en puissance lente après rechargement. Plusieurs analyses visant à caractériser le phénomène ont été menées en 2020 et se poursuivront en 2021. Concernant la fabrication des assemblages de combustible, l’ASN maintient sa vigilance à la suite des anomalies rencontrées en 2017 sur le combustible MOX (présence d’îlots enrichis en plutonium de grande taille) qui se sont renouvelées en 2019 malgré les dispositions mises en œuvre à l’usine Melox d’Orano. La déclaration par EDF d’un événement significatif relatif au phénomène de remontée de flux neutronique en bas et en haut de colonne fissile des assemblages de combustible MOX a conduit l’ASN à demander à l’exploitant des mesures compensatoires en 2018, dans l’attente du déploiement d’une modification de la conception de ces assemblages. Enfin, en 2020, une anomalie générique sur les assemblages de combustible conçus par Westinghouse a été mise en évidence. L’une des grilles de ces assemblages subit des dégradations en exploitation, générant ainsi des corps migrants. Dans l’attente d’éléments techniques complémentaires et du remplacement de ces grilles par des grilles renforcées pour les prochains assemblages, l’ASN a demandé à EDF de réaliser des essais supplémentaires sur les réacteurs concernés, afin de s’assurer du maintien de la disponibilité des fonctions de sûreté. Défaut dans la mise en œuvre d’un procédé de traitement thermique de détensionnement lors de la fabrication de générateurs de vapeur Framatome L’assemblage de composants par soudage crée des contraintes mécaniques au niveau des zones soudées. Pour réduire ces contraintes, le fabricant met en œuvre un traitement thermique de détensionnement (TTD) qui consiste à chauffer le matériau pendant plusieurs heures à des températures de quelques centaines de degrés. Ce chauffage peut être réalisé dans un four sur l’ensemble de l’équipement lorsque sa dimension le permet, ou localement par l’utilisation de dispositifs chauffants tels que des résistances électriques. La température et la durée de traitement doivent être maîtrisées afin de résorber les contraintes résultant du soudage et de ne pas altérer les propriétés mécaniques du matériau. En 2019, le fabricant Framatome a mis en évidence que certains procédés mis en œuvre au sein de son usine de Saint-Marcel ou dans les centrales nucléaires pour l’assemblage des composants ou l’installation de générateurs de vapeur, avaient conduit à une maîtrise insuffisante des températures sur les circonférences des soudures traitées. Sont concernés par cet écart 177 des 192 générateurs de vapeur (GV) installés dans les réacteurs en fonctionnement d’EDF. EDF a justifié le maintien de l’intégrité des équipements concernés, en s’appuyant sur des résultats d’essais réalisés sur maquettes représentatives, sur des coupons de matière et sur des modèles numériques de prédiction des températures. Lors de chaque arrêt de réacteur, les soudures concernées sont spécifiquement contrôlées (mesures d’épaisseur et recherche de défauts). L’ASN contrôle les justifications apportées par EDF pour chaque réacteur avant son redémarrage. En parallèle, EDF a mis en place un programme de caractérisation détaillé s’appuyant sur des maquettes et des essais sur matière. L’ASN a classé cet événement au niveau 1 sur l’échelle INES. Par ailleurs, des équipements en cours de fabrication par Framatome sont également concernés : 22 générateurs de vapeur destinés aux réacteurs en fonctionnement, ainsi que les générateurs de vapeur, le pressuriseur et des tuyauteries du circuit secondaire du réacteur EPR de Flamanville. Framatome définit des stratégies de traitement adaptées à chacun des équipements concernés. Elles comprennent des études de remise en conformité, des maquettes d’essais et des études de simulation numérique permettant d’évaluer l’impact des écarts sur les propriétés mécaniques attendues. L’ASN a interrogé les autres fabricants de gros équipements (Westinghouse et MHI), afin de vérifier la pertinence de mise en œuvre des procédés de traitement thermique de détensionnement qu’ils utilisent. Joint f inal Traitement thermique par moufles équipés de résistances électriques Joint entre viroles Joint fond/plaque Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 293 10 – LES CENTRALES NUCLÉAIRES D’EDF 10

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