Rapport de l'ASN 2018

pour but de promouvoir l’utilisation de méthodes de substitution à la radiographie industrielle. Les travaux se poursuivent au sein des instances professionnelles, en particulier par l’évolution des codes de construction et de maintenance des équipements industriels, afin de privilégier l’utilisation de méthodes de contrôle non ionisantes. L’ASN estime que les donneurs d’ordre ont un rôle primordial à jouer pour faire progresser la radioprotection dans le domaine de la radiographie industrielle. Au travers des inspections 2018, l’ASN a noté que la rédaction des plans de prévention avec les entreprises utilisatrices devait être améliorée. Cette lacune démontre que la préparation des chantiers n’est pas toujours à la hauteur des enjeux de l’activité. La sensibilisation de l’ensemble des acteurs est donc une priorité d’action. Les démarches régionales visant à établir des chartes de bonnes pratiques en radiographie industrielle, mises en œuvre depuis plusieurs années sous l’impulsion de l’ASN et de l’inspection du travail, notamment dans les territoires correspondant aux anciennes régions Provence‑Alpes‑Côte d’Azur, Haute‑Normandie, Rhône‑Alpes, Nord‑Pas‑de‑Calais, Bretagne et Pays de la Loire, permettent des échanges réguliers entre les différents acteurs. Les divisions de l’ASN et les autres administrations régionales concernées organisent également régulièrement des colloques de sensibilisation et d’échanges au niveau régional, pour lesquels les acteurs de cette branche professionnelle manifestent un intérêt croissant. D’après l’enquête menée par l’ASN dans le secteur, 70 % des agences de radiographie industrielle disposent d’une installation fixe spécialisée (casemate) et 70 % des agences travaillent également en configuration de chantier. Cinquante pour cent des tirs réalisés en radiographie industrielle sont effectués en configuration de chantier. Dans cette configuration, les gammagraphes à l’iridium-192 sont les plus utilisés puisqu’ils concernent les deux tiers des chantiers. Les générateurs de rayons X sont utilisés principalement sur les autres chantiers. Peu de tirs sont menés hors casemate avec des accélérateurs de particules, ou des gammagraphes au cobalt-60 ou au sélénium-75. Les lieux de chantier sont principalement les ateliers et procédés industriels ainsi que les INB. La part importante de tirs réalisés en configuration de chantier au sein d’ateliers industriels suggère une application perfectible du principe de justification, car, dans de nombreux cas, les pièces auraient vraisemblablement pu être transportées et contrôlées en casemate sécurisée. Depuis les incidents notables survenus au début des années 2010 concernant des blocages de sources de gammagraphie industrielle, une réflexion a été menée avec les parties prenantes et l’IRSN pour définir, à partir du retour d’expérience, des scénarios types de perte de contrôle de sources, élaborer des solutions techniques de récupération et définir les bonnes pratiques en cas d’incident de perte de contrôle. Des solutions techniques génériques permettant de faciliter la récupération des sources de gammagraphie dont le contrôle aurait été perdu (voir encadré page 247) ont été identifiées. Plusieurs outils spécifiques ont été conçus et mis en œuvre par le fournisseur à cette fin. En 2018, il est à noter que, pour la première fois, aucun incident n’a été classé au niveau 1 ou supérieur de l’échelle INES. Un nombre relativement important d’événements est toujours lié à la perte de contrôle de la source lors de l’utilisation d’un gammagraphe. Cependant, ces événements ont été correctement diagnostiqués par les opérateurs, et les acteurs concernés n’ont pas entrepris des manipulations inappropriées ou interdites. Les opérations de mise en sécurité ont ainsi été mieux maîtrisées et aucun sur‑incident n’a été observé. Les causes de ces événements n’ont pas encore été toutes identifiées. On peut toutefois souligner que les conditions d’opération sur chantier (accès difficile, travail en hauteur, travail Gammagraphie : des accidents graves à l’étranger Les accidents en gammagraphie en France restent limités en nombre et en conséquences depuis mars 1979 où un accident avait conduit à l’amputation de la jambe d’un ouvrier qui avait ramassé et mis dans sa poche une source d’iridium-192 de 518 GBq. Cet incident avait entraîné un renforcement de la réglementation en vigueur à l’époque. L’ASN exerce une veille sur les accidents survenus à l’étranger qui ont eu des effets déterministes majeurs. Parmi les exemples récents dont l’ASN a eu connaissance : ཛྷ ཛྷ en 2016, en Turquie, après l’utilisation d’un appareil de gammagraphie, il semble que les opérateurs n’aient pas vérifié le bon retour de la source en position de sécurité. Un adolescent de 16 ans a trouvé la source le lendemain du contrôle et l’a conservée jusqu’à son domicile, où plusieurs personnes ont indiqué l’avoir manipulée. Au total, 20 personnes auraient été exposées, la personne la plus exposée aurait reçu 1 gray (Gy). L’événement a été classé au niveau 2 de l’échelle INES ; ཛྷ ཛྷ en 2015, en Iran, deux opérateurs ont été exposés à des doses efficaces respectives de 1,6 et 3,4 Gy. La source du gammagraphe (iridium-192 de 1,3 TBq) s’est décrochée et est restée bloquée dans la gaine d’éjection sans qu’ils s’en aperçoivent. Les opérateurs ont ensuite passé la nuit dans leur véhicule à proximité de la gaine d’éjection et de la source ; ཛྷ ཛྷ en 2014, au Pérou, un employé a été exposé à 500 mSv (corps entier) et 25 Gy sur la hanche gauche en déplaçant une gaine d’éjection et un collimateur sans s’être aperçu que la source était décrochée du câble de télécommande et était restée dans le collimateur (iridium-192, 1,2 TBq, 30 minutes d’exposition) ; ཛྷ ཛྷ en 2013, en Allemagne, un employé d’une société de contrôle non destructif a été exposé à plus de 75 mSv (corps entier) et 10 à 30 Gy aux extrémités (mains) en essayant de débloquer une source dans une gaine d’éjection ; ཛྷ ཛྷ en 2012, un employé péruvien a été admis à l’hôpital Percy, à Clamart, à la suite d’une exposition de 1 à 2 Gy (corps entier) et 35 Gy à la main (70 Gy au bout des doigts) après avoir manipulé à mains nues une gaine d’éjection sans s’assurer de la position de la source ; ཛྷ ཛྷ en 2011, cinq travailleurs bulgares ont été admis à l’hôpital Percy, à Clamart, pour mise en œuvre de traitements lourds à la suite d’irradiations de l’ordre de 2 à 3 Gy dues à une erreur de manipulation d’un appareil de gammagraphie qu’ils pensaient déchargé de sa source ; ཛྷ ཛྷ en 2011, aux États‑Unis, un apprenti radiologue a décroché la gaine d’éjection et s’est aperçu que la source dépassait du projecteur. Il a essayé de repousser la source dans l’appareil avec son doigt. L’estimation de la dose reçue aux extrémités est de 38 Gy. 246  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 08 – LES SOURCES DE RAYONNEMENTS IONISANTS ET LES UTILISATIONS INDUSTRIELLES, VÉTÉRINAIRES ET EN RECHERCHE DE CES SOURCES

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