Rapport de l'ASN 2018

Pour les ESR concernant les patients, la plupart des surexpo- sitions étaient dues à des procédures longues, complexes et répétitives. Un cas de surexposition de patient a été déclaré sur une pra- tique interventionnelle réalisée sur un scanographe décrit ci‑après (déclaré au titre des déclarations d’ESR scanner). Pour les ESR concernant les travailleurs, les surexpositions déclarées étaient dues à des expositions accidentelles : pour un cas lors du nettoyage de locaux de bloc opératoire (appareil sous tension), dans l’autre cas pendant une procédure chirurgicale (agents non protégés). Trois travailleurs ont été exposés de manière importante au niveau des mains lors de pratiques interventionnelles radio- guidées. Pour un seul d’entre eux, la limite réglementaire a été dépassée et cet ESR a été classé au niveau 1 de l’échelle INES. L’établissement concerné a fait l’objet d’une inspection début 2019. Les autres cas concernent des expositions de dosimètre perdu par les agents, un cas concerne une exposition volontaire d’un dosimètre pour tester le bon fonctionnement de l’arceau mobile et d’autres concernent des dysfonctionnements de la dosimétrie active. SYNTHÈSE Dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées, l’ASN estime que les mesures urgentes qu’elle préconise depuis plusieurs années ne sont toujours pas suffisamment prises pour améliorer la radioprotection des patients et des professionnels lors de l’exercice des pratiques interventionnelles, notamment pour les actes de chirurgie réalisés dans les blocs opératoires. Des écarts réglementaires sont fréquemment relevés en inspection, tant du point de vue de la radioprotection des patients que de celle des professionnels, et des événements sont régulièrement déclarés à l’ASN en raison de dépassements des limites de dose aux extrémités des praticiens interventionnels. L’état de la radioprotection est cependant nettement meilleur dans les services qui utilisent ces technologies depuis longtemps, par exemple dans les services d’imagerie où sont réalisées des activités de cardiologie et de neurologie interventionnelles. Un travail important de sensibilisation de l’ensemble des professionnels est nécessaire pour accompagner les professionnels médicaux, paramédicaux et administratifs des établissements pour une meilleure perception des enjeux, notamment pour les professionnels intervenant dans les blocs opératoires. Pour l’ASN, la formation continue des professionnels et l’intervention du physicien médical constituent probablement les deux points clé pour garantir la maîtrise des doses délivrées aux patients lors des actes interventionnels. 6 —  Le radiodiagnostic médical et dentaire 6.1  ̶  La présentation des équipements Le radiodiagnostic médical est fondé sur le principe de l’atté- nuation différentielle des rayons X dans les organes et tissus du corps humain. Les informations sont recueillies sur des sup- ports numériques permettant le traitement informatique des images obtenues, leur transfert et leur archivage. Le radiodiagnostic est une des plus anciennes applications médicales des rayonnements ionisants ; il regroupe toutes les modalités d’exploration morphologique du corps humain uti- lisant les rayons X produits par des générateurs électriques. Occupant une grande place dans le domaine de l’image- rie médicale, il comprend diverses techniques (radiologie conventionnelle, radiologie associée à des pratiques inter- ventionnelles, scanographie, mammographie) et une très grande variété d’examens (radiographie du thorax, scanner thoraco‑abdomino‑pelvien…). La demande d’examen radiologique par le médecin doit s’ins- crire dans une stratégie diagnostique tenant compte des infor- mations déjà connues chez le patient, de la question posée, du bénéfice attendu pour le patient, du niveau d’exposition de l’examen et de l’historique des doses et des possibilités offertes par d’autres techniques d’investigation non irradiantes. Un guide à usage des médecins ( Guide du bon usage des examens d’imagerie médicale ) précise les examens les plus appropriés à demander en fonction des situations cliniques (voir encadré page suivante). 6.1.1  –  Le radiodiagnostic médical • La radiologie conventionnelle La radiographie conventionnelle (réalisation de clichés radio- graphiques) représente, en nombre d’actes, la grande majorité des examens radiologiques réalisés. Surexposition d’une patiente lors de la réalisation d’une biopsie par guidage sous scanner La patiente a été exposée à une dose de rayonnements ionisants élevée susceptible d’avoir des conséquences ultérieures sur sa santé, selon l’expertise de l’IRSN qui a été sollicitée. L’inspection réalisée a montré que la complexité de l’acte nécessitait une technique particulière de reconstruction des images et que le scanographe utilisé ne disposait pas des dernières évolutions en matière d’optimisation des doses délivrées aux patients. Certains dysfonctionnements organisationnels n’ont pas, de plus, permis de prévenir la survenue de cet événement (défaut de connaissances et de formation des agents, mauvaise communication au sein des équipes, contraintes liées à l’environnement de travail). L’ASN a ensuite limité l’autorisation du scanographe de cet hôpital aux actes de diagnostic. 224  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 07 – LES UTILISATIONS MÉDICALES DES RAYONNEMENTS IONISANTS

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