Rapport de l'ASN 2018

4.3.3  –  La protection de la population et de l’environnement Les questions en relation avec la protection de la population et de l’environnement sont, pour de nombreux centres inspectés, correctement traitées (voir graphique 11). Ainsi, près de 85 % des services disposent d’un local de livraisons conforme aux exigences de la décision de l’ASN n°2014-DC-0463   du 23 octobre 2014 (dédié et sécurisé). Pour environ 85% des services, l’activité volumique des effluents rejetés après décroissance respecte les limites réglementaires (10 Bq/L pour les effluents contaminés après entreposage, ou 100 Bq/L pour les effluents issus des chambres de patients trai- tés à l’iode-131).  Toutefois, des progrès sont encore à réaliser : ∙ ∙ pour les services qui utilisent des sources non scellées en dehors du service de médecine nucléaire, puisque seuls près de 70% d’entre eux ont réalisé des contrôles de non‑contamination en fin d’actes thérapeutiques, conformément au protocole prévu ; ∙ ∙ dans près de 20 % des unités inspectées, la traçabilité des contrôles des dispositifs d’alarme n’était pas complète ou les systèmes n’étaient pas fonctionnels. La mise en œuvre effective des recommandations de la lettre circulaire de l’ASN du 17 avril 2012   relative au retour d’expérience sur les fuites de canalisations d’effluents liquides contaminés en médecine nucléaire n’est pas totalement effective : les réseaux des canalisations du service, et des chambres de RIV le cas échéant, sont cartographiés dans 60 % des installations, l’état des canalisations et des cuves est surveillé dans la moitié des installations, et un protocole d’intervention et une fiche réflexe en cas d’intervention après une fuite sur une cuve sont disponibles dans environ un tiers des installations. Néanmoins, plus de 40 % des services ne disposent d’aucun document. 4.3.4  –  Les événements déclarés en médecine nucléaire Soixante‑douze pour cent des services inspectés disposent d’un système d’enregistrement des événements indésirables, qui ont été analysés et ont fait l’objet d’une déclaration à l’ASN. Cent soixante et onze ESR ont été déclarés en 2018, soit une augmentation de 15% par rapport à 2017. Il est probable que l’ouverture en 2017 du portail téléservices de déclaration de l’ASN ainsi que l’incitation à déclarer des événements de la part de la SFMN aient contribué à cette augmentation. Comme les années précédentes, la majorité des événements déclarés concernent les patients (66%), dont 65% étaient des patients qui avaient bénéficié d’un acte à visée diagnostique. Les événements déclarés sont, pour la plupart, sans consé- quence clinique attendue. • Les événements concernant les patients (113 ESR, soit 66% des ESR déclarés) La majorité des ESR concernant les patients, déclarés en médecine nucléaire, sont liés à des erreurs lors de l’adminis- tration d’un MRP à un patient (interversion de seringues ou de patients), à des erreurs de dose (dose adulte injectée à un enfant, injection d’une activité supérieure ou inférieure à l’activité pres- crite…) ou à des erreurs lors de la préparation du médicament (interversion de flacons). Vingt‑neuf extravasations (6) ont été signalées, sans conséquence clinique attendue. 6. L’extravasation d’un médicament radiopharmaceutique, perfusé par voie intraveineuse périphérique, est un passage anormal en dehors du vaisseau cathétérisé (passage tissulaire). Ses conséquences, en termes de lésions causées aux tissus environnants, dépendent principalement du volume de médicament extravasé et de son énergie (acte diagnostique ou thérapeutique). Un événement lié à une administration de microsphères d’yttrium-90, dans une partie d’un organe sain (rein), après déplacement du microcathéter dans le cadre d’une procédure de scanographie interventionnelle, a été déclaré. Du fait des consé- quences possibles, le patient fera l’objet d’un suivi médical. • Les événements concernant les travailleurs (13 ESR, soit 8% des ESR déclarés) Treize événements concernant des travailleurs ont été déclarés en 2018, dont trois sont des projections de médicament radio- pharmaceutique ou d’effluent, deux résultent de piqûres lors de la désadaptation d’aiguilles de seringues et deux sont des contaminations internes. Aucune des doses reçues par ces travailleurs n’a dépassé les limites réglementaires d’exposition. • Les événements concernant le public (19 ESR, soit 11% des ESR déclarés) Tous résultent de l’exposition du fœtus de femmes qui igno- raient leur grossesse. Les doses reçues étaient sans conséquence pour l’enfant (CIPR, 2007). • Les événements concernant les sources, les déchets et les effluents radioactifs (19 ESR, soit 11% des ESR déclarés) Ces ESR étaient liés majoritairement à la perte de sources radioactives (sources anciennes ou crayon de cobalt), à la disper- sion de radionucléides (fuites d’effluents radioactifs au niveau des canalisations ou des cuves ou rejet d’effluents avant décrois- sance radioactive) ou encore à l’évacuation de déchets vers une filière inappropriée. • Autres événements (7 ESR, soit 4% des ESR déclarés) Les autres événements ont concerné, par exemple, l’oubli de la fermeture d’une porte après une livraison de médicament radio- pharmaceutique, la contamination de l’intérieur d’une enceinte après l’explosion d’un flacon de médicament lors de sa prépa- ration par chauffage, ou l’oubli de récupération d’une seringue de médicament radiopharmaceutique dans un protège‑seringue après que l’examen ait été annulé (en salle de vidéosurveillance d’électro‑encéphalogramme lors d’une crise d’épilepsie). SYNTHÈSE La prise en compte de la radioprotection des patients et des professionnels en médecine nucléaire est satisfaisante. Dans ce secteur également, les efforts de formation doivent être maintenus. Par ailleurs, la coordination des mesures de prévention lors d’interventions d’entreprises extérieures (pour la maintenance des appareils, l’entretien des locaux…) doit être améliorée. Un des enjeux de radioprotection est aussi une bonne gestion des effluents radioactifs, cela est d’autant plus prégnant que les thérapies avec de fortes activités administrées aux patients sont appelées à se multiplier avec, en conséquence, une augmentation de la radioactivité rejetée. 220  Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2018 07 – LES UTILISATIONS MÉDICALES DES RAYONNEMENTS IONISANTS

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