Rapport de l'ASN 2017

307 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2017 Chapitre 10  - Les sources de rayonnements ionisants et les utilisations industrielles, vétérinaires et en recherche de ces sources COMPRENDRE La perte de contrôle de la source en gammagraphie La gammagraphie est une technique de contrôle non destructif consistant à positionner une source radioactive à proximité de l’élément à contrôler, de façon à obtenir un film radiographique permettant ensuite, par lecture du film, un contrôle de qualité de la pièce. La perte de contrôle de la source est l’une des principales causes d’accidents dans ce domaine. Elle peut conduire à de fortes expositions des travailleurs se trouvant à proximité, voire du public en cas de travaux en zone urbaine. Cette perte de contrôle se rencontre principalement dans deux situations : ཛྷ ཛྷ la source radioactive reste bloquée dans la gaine d’éjection. L’origine du blocage est souvent liée à la présence de corps étrangers dans la gaine ou à une dégradation de la gaine; ཛྷ ཛྷ le porte-source contenant le radionucléide n’est plus solidaire de la télécommande. Le câble reliant source et télécommande n’est pas correctement raccordé et la source ne peut plus être manœuvrée. En France, les gammagraphes répondent à des prescriptions techniques plus strictes que les standards internationaux. Toutefois, les défaillances de matériel ne peuvent pas être écartées, notamment en cas de mauvais entretien des appareils. De mauvaises manipulations sont également souvent observées à la suite d’incidents de blocage de sources. En particulier, l’ASN note que les procédures et gestes à suivre par les radiologues confrontés à ces situations ne sont pas suffisamment connus et respectés. de sources s’expliquent notamment par une mauvaise traçabilité générale: absence d’actions visant à leur élimination au moment de la cessation d’activités des laboratoires dans le passé, inven- taires irréguliers et non exhaustifs. La détection de la présence de contamination, à l’origine de plu- sieurs événements significatifs, est due à la forme des sources utilisées dans ce secteur, majoritairement des sources sous forme non scellées, pour laquelle une contamination ne peut être com- plètement exclue, ainsi qu’à de mauvaises pratiques de manipu- lation de ces sources. En 2017, les doses individuelles engagées lors de ces événements n’ont cependant pas excédé 150 µSv. 6. L’appréciation sur la radioprotection dans les domaines industriel, de recherche et vétérinaire, et les perspectives Dans le domaine du contrôle des applications des rayonnements ionisants dans le secteur industriel, de la recherche et vétérinaire, l’ASN œuvre pour que les opérateurs prennent pleinement en compte les risques liés à l’utilisation des rayonnements ionisants. La radiographie industrielle Les activités de radiologie industrielle sont des activités à forts enjeux de radioprotection pour les travailleurs et constituent une priorité d’inspection pour l’ASN, avec près de 100 inspections réalisées par an dans ce domaine, y compris des inspections inopinées de nuit sur chantiers. Le système de télédéclaration des plannings de chantier pour les entreprises prestataires en radiographie industrielle, mis en place par l’ASN en 2014, per- met de faciliter l’organisation de ces contrôles. Un manque de fiabilité des informations transmises a cependant été constaté pour certains prestataires. Au travers de ses inspections, l’ASN juge que la prise en compte des risques est contrastée suivant les entreprises. La réglemen- tation est globalement respectée en matière de formation des intervenants, de contrôle externe périodique des sources et appa- reils et de dosimétrie des travailleurs. En revanche, la préparation des interventions, notamment sur chantier pour la délimitation du zonage, et les évaluations prévisionnelles de dose restent insuffisantes malgré les progrès réalisés. Pour remédier à ces difficultés, la coordination entre donneurs d’ordre et presta- taires pour mettre en œuvre des mesures de prévention effi- caces doit être renforcée par les différents intervenants. L’ASN juge préoccupants les défauts observés en matière de zonage car celui-ci constitue la principale barrière de sécurité en confi- guration de chantier, en particulier pour prévenir les exposi- tions incidentelles. Les conditions d’opération sur chantier (accès difficile, travail nocturne…), l’entretien du matériel (projecteurs, gaines…) sont des paramètres majeurs pour la sécurité des personnes. Les incidents ont souvent pour origine des sources bloquées en dehors de leur position de sécurité. L’ ASN note que les cadences de tirs et l’état du matériel ne sont pas sans lien avec la probabilité d’incident. Elle rappelle par ailleurs que toute anomalie constatée lors de l’utilisation d’un gammagraphe, notamment des efforts anormaux lors de l’éjection ou de retour de la source, devrait conduire à un arrêt immédiat des opéra- tions et à un contrôle du matériel (voir paragraphe relatif aux incidents). Par ailleurs, toute tentative de dépannage improvisé après un blocage de source devrait être proscrite. Un blocage de source doit conduire à la mise en œuvre des plans d’ur- gence internes, qui sont imposés par la réglementation mais rarement établis par les entreprises. Pour l’application des principes de justification et d’optimisa- tion, les réflexions engagées par les professionnels du contrôle non destructif ont abouti à l’élaboration de guides ayant pour but de promouvoir l’utilisation de méthodes de substitution à la radiographie industrielle. Les travaux se poursuivent au sein des instances professionnelles, en particulier par l’évolu- tion des codes de construction et de maintenance des équipe- ments industriels, afin de privilégier l’utilisation de méthodes de contrôle non ionisantes. L’ASN estime que les donneurs d’ordre ont un rôle primordial à jouer pour faire progresser la radioprotection dans le domaine de la radiographie industrielle. La sensibilisation de l’ensemble

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