Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

61 Le tritium dans l’environnement Aujourd’hui, en France, les installations de Valduc, Marcoule et La Hague entraînent, à leurs alentours, des concentrations très significatives de tritium dans l’air (et donc dans leur environnement). En revanche, un tel marquage de l’air par le tritium n’est pas clairement visible autour des centrales. 5 1 3 Tritium libre et organiquement lié dans les autres compartiments des écosystèmes continentaux 5 1 3 1 Activités mesurées Gammes d’activités de tritium par types de matrices. Le tableau 5.1 et la figure 5.2 présentent une synthèse des gammes d’activités de tritium libre (HTO) et de tritium organiquement lié (OBT) mesurées sur le territoire métropolitain dans les différents compartiments des écosystèmes terrestres et d’eau douce. Cette synthèse a été établie à partir des données de l’IRSN. La diversité des prélèvements et de leurs localisations et l’étendue des dates de mesure (20 dernières années) rendent difficile la lecture des données dans leur ensemble. Ces activités ne reflètent sans doute qu’une partie de la réalité compte tenu des lacunes d’observation pour certaines matrices pour lesquelles seules des chroniques courtes sont disponibles, ou de l’absence de points de prélèvement pour certaines matrices et certaines périodes dans les zones « non influencées » par des rejets radioactifs. Par ailleurs, il n’est pas aisé d’identifier les résultats de mesure de radionucléides sous ou hors influence des rejets. En milieu terrestre, la rose des vents de chacun des sites permet de situer les points de prélèvement sous ou hors influence vraisemblable des rejets atmosphériques. Cependant, ceci n’exclut pas que des orientations de vents moins fréquentes ou un temps de pluie aient pu entraîner un faible marquage par le tritium dans des zones supposées « non influencées ». Il est à noter que la distinction «sous influence » et « hors influence » est très relative : en effet, les résultats des études prospectives engagées par l’IRSN sur le Puy-de-Dôme en 2007 montrent que l’activité du tritium dans la vapeur d’eau (eau des nuages, prélèvements entre 500 m à 1500 m d’altitude) présente de fortes fluctuations en fonction de l’influence des rejets d’installations émettrices de tritium (i.e., Valduc, à 250 km), passant d’une vingtaine d’UT (2 à 3 Bq/L) à une centaine d’UT (11,6 Bq/L). Les activités de tritium dans les eaux de pluie, mesurées par d’autres équipes en 2001-2002 variaient de 4 à 20 UT (0,4 à 2,4 Bq/L) en Hongrie, et de 1 à 3 UT (0,14 à 0,37 Bq/L) en Espagne (Villa and Mangon, 2004). Par ailleurs, la valeur de référence citée pour les eaux de pluie de l’hémisphère nord est de 5 UT en hiver et le double durant l’été (IAEA/WMO, 2006). Ceci indique, d’une part que le bruit de fond mesuré « hors influence » peut en réalité être influencé par des installations lointaines, d’autre part qu’il est sujet à des fluctuations pouvant atteindre un facteur 2 à 6. En milieu aquatique, l’origine du tritium présent dans l’environnement n’est pas liée aux seuls rejets des installations nucléaires. D’autres industries ont en effet utilisé ou continuent d’utiliser du tritium pour des activités non nucléaires : c’est le cas par exemple de l’industrie horlogère qui utilisait des peintures luminescentes pour les aiguilles des montres. Ainsi, les résultats présentés dans le tableau 5.1 fournissent des gammes de variation relativement larges tant dans les zones « hors influence » que dans les zones vraisemblablement sous influence vraisemblable. On note néanmoins que, dans la plupart des cas, les activités mesurées pour les zones sous influence vraisemblable des rejets atmosphériques et des rejets liquides sont, comme attendu, supérieures à celles obtenues dans les zones « hors influence ». Par rapport à des données de la littérature (non exhaustives), on note qu’en général, les activités du tritium libre et du tritium organiquement lié mesurées sur le territoire métropolitain se situent en deçà des résultats obtenus à l’étranger. Seuls des échantillons d’alcool et de sédiments présentent des teneurs en tritium organiquement lié supérieures à celles indiquées dans la littérature. Il est à noter que les échantillons d’alcool concernés ont été prélevés à proximité du site de Marcoule, dans les années 1990 ; quant aux sédiments les plus marqués, ils ont été prélevés dans le haut Rhône, en amont du site nucléaire de Creys-Malville et on peut supposer que les valeurs mesurées sont liées à l’utilisation de tritiumdans des industries ne faisant pas partie du cycle du combustible nucléaire (peintures luminescentes pour montres, panneaux de signalisation…). Figure 5.1 - Évolution de la teneur en tritium dans l’eau de pluie de 1958 à 1990 exprimée en Unité Tritiée (UT) et en Bq/L. Les gammes d’activités correspondant d’une part au bruit de fond naturel cosmogénique antérieur aux essais nucléaire, d’autre part au niveau actuel, ont été ajoutées à la courbe de l’AIEA.

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