Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

210 Gestion des rejets de tritium du site AREVA NC de La Hague, impact et surveillance associés Ainsi, même en prenant comme hypothèse que la radiotoxicité du tritium puisse être sous-estimée d’un facteur 2 ou plus, comme ceci est débattu actuellement, et que la part de tritium organique soit également sous-estimée autour de La Hague (ce qui conduirait à sous estimer une part de la dose ingestion d’un facteur 2) donc en admettant de façon très enveloppe que la dose due au tritium soit sous estimée d’un facteur 10, l’impact des rejets liquides et gazeux en tritium sur les groupes de référence serait de l’ordre du µSv/an et resterait un impact dosimétrique insignifiant autour de La Hague. 4 Surveillance du tritium dans l’environnement Le programme annuel de surveillance de la radioactivité de l’environnement est établi sous le contrôle de l’ASN. Il fixe les natures, fréquences, localisations et modalités techniques des mesures. Les résultats sont transmis mensuellement dans les registres réglementaires à l’ASN et depuis début 2009 au réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement géré par l’IRSN. Ces données sont intégrées dans le rapport annuel public présenté à la CLI de La Hague. Elles sont également présentées dans le rapport environnemental, social et sociétal de l’établissement et seront consultables par le public sur Internet en 2010 dans le cadre du réseau national de mesures de la radioactivité de l’environnement. La surveillance de l’environnement représente annuellement environ 20 000 prélèvements et 70 000 analyses. La mesure du tritium, tout milieu confondu (marin, atmosphérique, aquatique et terrestre) représente environ 8400 mesures, soit environ 12 %des mesures du programme annuel de surveillance. Dans le milieu marin, 400 mesures de tritium libre sont réalisées par scintillation liquide sur des échantillons filtrés d’eau de mer à la côte et au large après sa filtration. Des mesures non réglementaires sont également effectuées en complément pour expertise sur des algues (fucus) en Bq/kg frais dont les résultats indiquent une activité de l’ordre de quelques Bq/L en tritium libre ainsi qu’en tritium lié (OBT : Organically Bounded Tritium). En parallèle, l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest) qui réalise une surveillance autour du site notamment, a présenté des résultats similaires sur leur site internet (tritium libre uniquement). Les analyses sont effectuées pour la plupart par le laboratoire environnement de l’établissement, agréé par l’ASN et également accrédité par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation) depuis 1996 et par le laboratoire Départemental d’Analyses (LDA 50). 960 mesures de tritium dans l’air par an sont réalisées par scintillation liquide, environ 450 sur les eaux de pluie, les eaux de ruisseaux et les eaux de consommation et 1400 (réglementaires et non réglementaires) sur les eaux souterraines. 12 mesures sont également réalisées sur les végétaux aquatiques. Enfin, et en complément de 80 mesures de tritium libre dans le lait, environ 90 mesures de tritium lié (OBT) sont réalisées sur les végétaux, les fruits et légumes, dans la viande et dans les produits fermiers. La mesure du tritium lié se fait suivant la méthode suivante : combustion de l’échantillon sec dans un four à 900°C sous flux gazeux Ar/O 2 . Récupération de la vapeur d’eau tritiée dans 2 pièges froids. Distillation de l’eau de combustion obtenue puis mesure du tritium par scintillation liquide (méthode CETAMA n°384 : «Dosage du tritium dans les matrices biologiques»). Les activités mesurées dans l’environnement sont du même ordre de grandeur que les activités calculées par ACADIE (de l’ordre de 10 Bq/L) : en 2006, le rapport entre les valeurs calculées et les valeurs mesurées valait 0,98 dans la zone de dilution de 1 [6]. Le tritium est notamment utilisé pour valider le modèle de dispersion marine DISPRO développé par IFREMER et l’IRSN. Ce modèle est validé par l’IRSN pour AREVA NC La Hague à partir de la réalisation de plusieurs campagnes de mesures en mer. Par ailleurs, des questions sur l’hypothèse d’une bioaccumulation du tritium et de la présence de tritium sous forme organique (OBT) dans les organismes marins ont été soulevées par les associations membres du GRNC. Ce phénomène n’est pas pris en compte par le GRNC ni dans les mesures réalisées dans le milieu marin autour de La Hague. Une étude de l’IRSN [7] concernant l’analyse critique des données disponibles de carbone 14 et de tritium dans le Nord Cotentin et en Manche a été réalisée afin d’apporter des éclairages sur ces questions. Cette étude conclut, sur la base des travaux réalisés par l’IRSN, que le facteur de concentration du tritium dans diverses espèces marines de l’écosystème de La Hague est proche de 1 contrairement à celui observé dans les écosystèmes comme ceux du chenal de Bristol (le tritiumy est présent à plus de 85 %sous forme organique OBT dans les organismes) ou de Sellafield. Le GRNC a pris note de cette étude et poursuivra ses réflexions en intégrant notamment les résultats des travaux réalisés dans le cadre du groupe de réflexion créé par l’ASN en 2008 sur la bioaccumulation et les effets du tritium sur les organismes vivants. On notera qu’une campagne de mesures sur le tritiumorganique a été réalisée par l’IRSN pour EDF dans le cadre du bilan radioécologique décennal de la CNPE de Flamanville enNord-Cotentin de laquelle il ressort que l’activité moyenne des organismes en OBT (eau de combustion) et en HTO (eau libre) est de 10 Bq/L, que le rapport moyen OBT/HTO est de 1,1±0,3, que l’activité moyenne de l’eau de mer étant de 10 Bq/L, le facteur de concentration moyen est de 1 et enfin que le tritium est présent à plus de 85 % sous forme libre dans les organismes. De même, le RSC (Radioactive Substances Committee) d’OSPAR s’accorde sur le fait que le tritium a un coefficient de dose très bas, il présente donc une très faible radiotoxicité pour l’homme et une radiotoxicité intrinsèquement faible pour le biote. De plus, le tritium n’est pas considéré comme « pertinent pour le milieu vivant », car « il ne semble pas que le milieu vivant marin soit capable de le bioaccumuler (à l’exception des composés de 3H organique) » [5]. 5 Conclusion Les rejets en mer des effluents tritiés de l’usine de La Hague apparaissent comme la meilleure option de gestion de ces effluents du fait de la forte dilution enmer (0,76 Bq/m3 par TBq/an rejeté) et d’un très faible impact dosimétrique associé (0,1µSv/an pour un impact global de l’ordre de 10µSv/an). L’analyse de la mise enœuvre de tout procédé de concentration et de récupération du tritium dans l’objectif de réduire les rejets de tritium de l’usine de La Hague ne remet pas en cause à l’heure actuelle cette gestion. RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Le tritium, de l’environnement à l’homme, coordination Y. Belot et al, livre IPSN aux éditions EDSP, 1996 [2] Les effets sur la santé du tritium. Point des connaissances sur le tritium organiquement lié (OBT), Dr L. Lebaron-Jacobs et Dr A. Flüry-Hérard (CEA/DSV) – CSSIN du 31 mai 2007 [3] Les risques liés aux expositions au tritium sont-ils sous-évalués ? F. Paquet, H. Métivier – Radioprotection, Vol.43, n°2, 178-182, 2008 [4] Plaquette SFRP : « le tritium et son environnement », janvier 2002 [5] Third periodic evaluation of progress towards the objective of the Radioactive Substances Strategy, OSPAR, publication number 455/2009 (2009) [6] Groupe Radioécologie Nord-Cotentin (GRNC), Appréciation par le GRNC de l’estimation des doses présentées dans le rapport annuel de surveillance de l’environnement d’AREVA-NC La Hague 2005, rapport de synthèse et rapport détaillé, mai 2007 [7] Analyse critique des données disponibles de carbone 14 et de tritium dans le Nord Cotentin et en Manche, D. Maro, M. Massonet al. - IRSN DEI/SECRE/-006Avertissement

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