Livre blanc du Tritium & bilan des rejets de tritium pour les INB

112 Rejets de tritium des CNPE d’EDF 2 1 Introduction La communauté internationale est aujourd’hui confrontée à une hausse de la consommation d’électricité dans le monde, estimée à 60% d’ici 2030 d’après l’Agence Internationale de l’Energie, et à la nécessité de lutter contre l’effet de serre dans un environnement énergétique marqué par un prix du pétrole durablement élevé du fait de l’épuisement attendu des gisements d’hydrocarbures. La lutte contre le réchauffement climatique va par ailleurs de plus en plus contraindre les pays à privilégier les énergies qui n’émettent pas de CO 2 , notamment dans la production d’électricité. Dans ce cadre, un nombre croissant de pays estiment que l’énergie nucléaire peut constituer une réponse aux besoins énergétiques futurs, et 25 réacteurs nucléaires sont actuellement en construction dans le monde et 220 projets sont à l’étude. Les rejets de tritium issus de la fourniture d’électricité d’origine nucléaire s’ajoutent à une production d’origine naturelle et aux quantités importantes encore présentes attribuables aux essais militaires aériens réalisés dans les années soixante. Compte tenu de la faible radiotoxicité du tritium, associée au fait qu’il n’existe pas aujourd’hui de méthode industrielle de piégeage du tritium dans les conditions de production des Centres Nucléaires de Production d’Électricité (CNPE), le tritium produit est intégralement rejeté dans le milieu récepteur. Ces rejets, maîtrisés, surveillés et comptabilisés, se font dans le strict respect des autorisations, et n’induisent pas d’impacts significatifs sur l’homme et le milieu naturel. Cette publication a pour objet de présenter comment se forme le tritium produit par les CNPE, les quantités rejetées et les actions engagées par EDF pour optimiser ces rejets et en surveiller les impacts. 2 Origine et formation du tritium dans les CNPE Dans les réacteurs nucléaires à eau sous pression comme ceux du parc nucléaire d’EDF en France (58 réacteurs ou « tranches » en exploitation), le tritium se forme principalement par fission dans le combustible (Figure 1). Mais ce tritium reste confiné en quasi-totalité dans la gaine du combustible sous forme d’hydrures métalliques, en raison de sa forte affinité pour le zirconium constituant la gaine du combustible, et représente au final moins de 0,01% du tritium rejeté par les CNPE. Les composants de l’eau du circuit primaire constituent l’autre source de production du tritium. Le tritium s’y forme par activation du bore 10 utilisé comme modérateur de la réaction nucléaire (86 % de la production de tritium dans le circuit primaire), et par activation du lithium 6 (14% de la production de tritium dans le circuit primaire), du lithium 7 ainsi que du deutérium. Enfin dans les CNPE des paliers 1300 MW et 1450 MW, des grappes sources secondaires, utilisées pour la surveillance de la réactivité du cœur en phase de rechargement de combustible et en phase sous critique du réacteur, sont à l’origine de 20 à 40 % de production supplémentaire de tritium dans le circuit primaire.` C’est donc principalement le tritium produit par activation dans le circuit primaire qui se retrouve dans les effluents et donc dans les rejets autorisés d’effluents radioactifs liquides et gazeux des CNPE.  Figure 1 : Schéma du circuit primaire et zoom sur la gaine du combustible. Source EDF. Rejets de tritium des CNPE1 d’EDF CHAPITRE Bernard Le Guen, Vincent Chrétien, Pierre-Yves Hémidy EDF 1 Centre Nucléaire de Production d’Electricité.

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