Rapport de l'ASN 2020

des installations, le maintien de l’organisation de crise et la gestion des déchets. En matière de sûreté nucléaire, l’ASN estime que les perfor‑ mances de la centrale nucléaire, tout en étant conformes à l’appréciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF, restent contrastées. Les fragilités observées en 2019 sur le respect des spécifications techniques d’exploitation, sur la mise en œuvre des pratiques de f iabilisation et sur la mise en conf iguration des circuits ont persisté en 2020. De plus, des diff icultés ont été constatées concernant la réalisation des essais périodiques. En revanche, l’ASN relève des amé‑ liorations de la maîtrise des risques liés à l’incendie et de l’in‑ tégrité de la première barrière, constituée par les gaines des assemblages combustibles, malgré un événement marquant lié à la présence d’un corps étranger dans les circuits avec la découverte d’une vis dans la cuve du réacteur 4 lors de son rechargement en combustible. Sur le plan de la main‑ tenance, les 4 réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin ont été arrêtés en 2020 pour maintenance programmée et renouvellement partiel du combustible. Dans le contexte de la crise sanitaire, l’ASN considère que la maîtrise des arrêts pour maintenance programmée et renouvellement partiel du combustible doit encore progresser en 2020, des amélio‑ rations étant notamment attendues sur la gestion des écarts de conformité, la planification et la préparation des activités de maintenance ainsi que l’assurance de la qualité. En matière de radioprotection, l’ASN estime que les perfor‑ mances de la centrale nucléaire sont conformes à l’appré‑ ciation générale portée sur les centrales nucléaires d’EDF et en amélioration par rapport à 2019. La maîtrise des activités sous‑traitées dans le champ de la radioprotection a notam‑ ment progressé tout au long de l’année 2020. Des fragilités sont toutefois toujours observées concernant la propreté radio‑ logique des installations et la mise en œuvre de la démarche d’optimisation de la radioprotection lors des arrêts de réac‑ teur, avec des difficultés à établir des prévisions dosimétriques précises et adaptées. En matière de protection de l’environnement, l’ASN considère que les performances de la centrale nucléaire rejoignent l’ap‑ préciation générale que l’ASN porte sur les centrales nucléaires d’EDF, et s’améliorent par rapport aux années précédentes. La maîtrise du confinement des liquides a progressé. Concernant la maîtrise des activités relatives aux rejets et la surveillance de l’environnement, des écarts ponctuels ont été constatés en 2020, et l’ASN attend un retour à une situation nominale de traitement des effluents après les difficultés rencontrées ces dernières années sur les systèmes de traitement par évapora‑ tion des effluents radioactifs. Enfin, la gestion des déchets est globalement satisfaisante, malgré un manque de rigueur per‑ sistant dans le suivi des quantités de déchets radioactifs entre‑ posés dans le bâtiment des auxiliaires de conditionnement. En matière de sécurité des travailleurs, l’ASN considère que les résultats du site sont satisfaisants. L’ASN note qu’aucun accident grave n’a eu lieu cette année et que l’accidentologie, notamment pendant les arrêts de réacteur, a été maîtrisée. Sur le plan de la protection des travailleurs au regard de la crise sanitaire, l’ASN a constaté que le site avait mis en place, dès le mois de mars 2020, des mesures de protection adaptées qui ont évolué au fur et à mesure de l’avancée des connaissances. LES INSTALLATIONS DU «CYCLE DU COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE» Les installations du cycle du Tricastin couvrent principalement les activités de l’amont du «cycle du combustible» et sont exploitées depuis fin 2018 par un exploitant unique, Orano Cycle, devenu Orano Chimie‑Enrichissement au 1er janvier 2021 et dénommé Orano ci‑après. Le site comporte : • l’installation TU5 (INB 155) de conversion de nitrate d’uranyle UO2(NO3)2 issu du retraitement de combustibles usés en sesquioxyde d’uranium (U3O8) ; • l’usine W (ICPE dans le périmètre de l’INB 155) de conversion d’UF6 appauvri en U3O8 ; • les anciennes installations ex‑Comurhex (INB 105) et l’usine Philippe Coste (ICPE dans le périmètre de l’INB 105) de conversion de tétrafluorure d’uranium (UF4) en hexafluorure d’uranium (UF6) ; • l’ancienne usine Georges Besse I (INB 93) d’enrichissement de l’UF6 par diffusion gazeuse ; • l’usine Georges Besse II (INB 168) d’enrichissement de l’UF6 par centrifugation ; • les parcs uranifères du Tricastin (INB 178 et 179) d’entreposage d’uranium sous forme d’oxydes ou UF6 ; • les ateliers de maintenance, de traitement des effluents et de conditionnement de déchets (ex‑Socatri) (INB 138) ; • le laboratoire Atlas d’analyse des échantillons de procédé et de surveillance de l’environnement (INB 176) ; • une installation nucléaire de base secrète (INBS), qui regroupe notamment des parcs d’entreposage de matières nucléaires, pour la quasi‑totalité à usage civil. À l’issue des inspections qu’elle a conduites en 2020, l’ASN considère que le niveau de sûreté des installations du site Orano du Tricastin est resté stable. La mise en service indus‑ trielle d’installations neuves, présentant des standards de sûreté réévalués, a connu en 2020 des résultats contrastés. L’ASN a contrôlé les essais et le début de la mise en service du nouvel atelier de traitement de déchets «Trident», dont les résultats sont jugés satisfaisants. Les résultats sont toutefois plus mitigés pour l’usine de conversion Philippe Coste, pour laquelle l’ASN a relevé des difficultés dans le suivi du chantier de changement des cristallisoirs et des actions correctives à apporter pour la prévention des pollutions. L’ASN a autorisé en 2019 la mise en application d’une nouvelle version du plan d’urgence interne (PUI), adapté à la nouvelle organisation du site, sous la responsabilité d’Orano comme unique exploitant. Cette nouvelle organisation a été contrô‑ lée par l’ASN au cours d’une inspection renforcée accom‑ pagnée d’un exercice de crise inopiné mené un dimanche. L’organisation est jugée globalement satisfaisante, mais l’ASN a demandé plusieurs améliorations opérationnelles. La campagne d’inspections inopinées que l’ASN a menée en 2020 simultanément dans les INB 93, 105, 138, 155, 168 et 178 a montré que la prévention des pollutions et la maîtrise des 44 Rapport de l’ASN sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2020 LE PANORAMA RÉGIONAL DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE ET DE LA RADIOPROTECTION

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